lundi 12 octobre 2015

lundi 12 octobre


  • Travail sur le plan du commentaire du texte en prose de Rimbaud : "les Ponts" 
Problématique choisie : Comment le poète anime t-il le tableau qu'il nous présente ?

I Un tableau urbain
a) Une architecture variée
-lexique géométrique
-champ lexical de l'architecture
b)Une description parfois incohérente
-des phrases à la syntaxe complexe

II Un tableau qui s'anime
a) Une description tout en impressions

b) Animation par la musique

Pour jeudi : Faire un plan détaillé du commentaire du poème de V. Hugo.

lundi 5 octobre 2015

La Chevelure, Baudelaire, début d'explication

La chevelure  Baudelaire (1821-1867)
Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
je hume à longs traits le vin du souvenir ?


L'exotisme et l'ailleurs
les sens
la mer


La femme présentée ici semble être contenue toute entière dans cette chevelure. D'ailleurs Baudelaire la désigne de manière particulière en insistant sur son aspect sauvagel d’abord: “toison” (v1) puis étonnamment comme un accès à un rêve. Durant tout le poème le poète s'attache à décrire cette chevelure comme une source d'inspiration inépuisable :Je la veux agiter » (v5), «  Tout un monde lointain, absent, presque défunt,/Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! » (v 7,8), « Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève ! » (v 13). La chevelure apparaît même comme une mer profonde  « tu contiens, mer d'ébène » (v 14) relayée par trois relatives commençant par « où » qui amplifient le contenu :
« Un port retentissant mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur frémit l'éternelle chaleur. »


Cette succession de relatives relance régulièrement le rêve au rythme de la houle que le poète décrit.


Le Chevelure, Baudelaire, Texte

La chevelure  Baudelaire (1821-1867)

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
5-Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
10-Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
15-De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
20-D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
25-Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
30-De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! Toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
35-Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?