mercredi 18 novembre 2015

lundi 16 novembre

Après une moment de réflexion et d'échanges à propos des effroyables événements de vendredi, nous avons commencé un nouveau texte : le procès de Meursault.

Lecture du texte : 2ième partie, chapitre 4 de  « L'après-midi, les grands ventilateurs » à « j'étais trop fatigué »

Meursault est en train  d'assister dans cet extrait à son procès.  Son avocat se démène de manière un peu ridicule mais lui "s'évade"de ce procès par la pensée .  Il semble être spectateur...
Et bien! les voilà nos parties , nos axes, 

I  Une plaidoirie
II Meursault observateur


Mme Roche et Mme Vrand

lundi 9 novembre 2015

lundi 9 novembre

Cette séance était consacrée à l'étude d'un extrait de l'Etranger et à l'élaboration d'un plan détaillé en vue du DST du 19 novembre.
Un plan détaillé doit faire apparaître les différentes parties du commentaire,aussi bien les grands axes que les sous-parties. Il vaut toujours mieux deux parties cohérentes et bien construites que trois dont l'une paraît bancale ou répétitive.

L'extrait à l'étude est situé à la toute fin de la première partie et raconte un événement tragique puisque Meursault, à cause de la chaleur et de la lumière aveuglante, dans un geste inconsidéré commet l'irréparable en tuant un homme. 

Vous avez rapidement vu que le personnage semble comme dans un état second comme hors de lui-même. L'écriture reste simple, sans liens logiques. 

Puis vous avez noté que le style d'écriture change comme si le personnage s'éveillait d'un rêve à la fin de l'extrait. Il prend conscience de son geste qui marque la fin d'une période heureuse et ouvre " la porte du malheur".

Problématique : En quoi ce passage est-il clé dans le roman ? (parce que nous assistons à la transformation du personnage et parce que c'est un moment tragique qui fait basculer le roman)

I Un personnage en transformation
a) Un personnage dominé par ses sensations
b)écriture simple en début d'extrait, peu de lien logique. 
b) un personnage comme hors de lui-même
c) une prise de conscience à la fin de l'extrait

II Un moment tragique
a)les éléments naturels personnifiés qui accablent le personnage 
à la manière des dieux implacables
b) la mort de l'arabe
c) un geste qui marque un tournant dans le roman.

Evidemment dans ce qui précède il manque les citations et une phrase d'explication. 

Pour jeudi 12 novembre : finir de détailler le plan et lire le roman...si ce n'est déjà fait.

Mme Roche et Mme Vrand

samedi 7 novembre 2015

Jeudi 6 novembre

Nous  nous sommes retrouvés en grand groupe pour finir l'explication de l'incipit de l'Etranger.
La première interrogation à propos de ce texte portait sur le genre. Le récit utilise principalement le présent, est écrit à la 1ère personne du singulier. On pourrait croire à un journal intime. Cependant absence de date, d'éléments de contexte précis. Alors ? Un roman ? Oui des chapitres, une véritable construction narrative. Le narrateur ne peut pas avoir écrit ce récit au moment de sa mort. Oui un roman mais un roman singulier.

Certains avaient vu rapidement que le narrateur avait un langage enfantin, simple presque simpliste. Certains ont trouvé que le personnage semblait insensible, d'autres au contraire interprétaient cette indifférence apparente comme une sorte de sidération devant le choc que provoque la mort d'une mère.

I Un roman singulier
II Un personnage étrange
III Un personnage pourtant sensible.

Mme Roche et Mme Vrand


Jeudi 19 novembre
Nous avons prévu un devoir sur table le jeudi 19 novembre. Il s'agira de rédiger l'introduction d'un commentaire et d'en construire un plan détaillé. Nous vous proposerons un texte tiré de l'Etranger.Donc pas de grande surprise...Si cela peut vous rassurer. Là encore, ils'agit de s’entraîner...

mardi 3 novembre 2015

Lundi 2 novembre


  • Biographie d'Albert Camus.
  • Lecture d'un texte de Camus à propos de son roman.
  • Lecture d'extraits de l'ouvrage théorique Le Mythe de Sisyphe. Présentation du cycle de l'absurde.
  • Début d'explication de l'incipit. Lecture audio de l'incipit par Michaël Lonsdale.(You tube)
Mme Roche et Mme Vrand

lundi 12 octobre 2015

lundi 12 octobre


  • Travail sur le plan du commentaire du texte en prose de Rimbaud : "les Ponts" 
Problématique choisie : Comment le poète anime t-il le tableau qu'il nous présente ?

I Un tableau urbain
a) Une architecture variée
-lexique géométrique
-champ lexical de l'architecture
b)Une description parfois incohérente
-des phrases à la syntaxe complexe

II Un tableau qui s'anime
a) Une description tout en impressions

b) Animation par la musique

Pour jeudi : Faire un plan détaillé du commentaire du poème de V. Hugo.

lundi 5 octobre 2015

La Chevelure, Baudelaire, début d'explication

La chevelure  Baudelaire (1821-1867)
Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
je hume à longs traits le vin du souvenir ?


L'exotisme et l'ailleurs
les sens
la mer


La femme présentée ici semble être contenue toute entière dans cette chevelure. D'ailleurs Baudelaire la désigne de manière particulière en insistant sur son aspect sauvagel d’abord: “toison” (v1) puis étonnamment comme un accès à un rêve. Durant tout le poème le poète s'attache à décrire cette chevelure comme une source d'inspiration inépuisable :Je la veux agiter » (v5), «  Tout un monde lointain, absent, presque défunt,/Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! » (v 7,8), « Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève ! » (v 13). La chevelure apparaît même comme une mer profonde  « tu contiens, mer d'ébène » (v 14) relayée par trois relatives commençant par « où » qui amplifient le contenu :
« Un port retentissant mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur frémit l'éternelle chaleur. »


Cette succession de relatives relance régulièrement le rêve au rythme de la houle que le poète décrit.


Le Chevelure, Baudelaire, Texte

La chevelure  Baudelaire (1821-1867)

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
5-Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
10-Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
15-De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
20-D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
25-Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
30-De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! Toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
35-Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

lundi 7 septembre 2015

Déjà la nuit en son parc

Déjà la nuit en son parc texte et explication

Déjà la nuit en son parc… de Joachim Du Bellay

Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes,
Et, pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;

Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l'aube encor de ses tresses tant blondes
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait :

Quand d'occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
O fleuve mien ! une nymphe en riant.

Alors, voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d'un double teint colore
Et l'Angevin et l'indique orient.
Du Bellay  L'Olive, 1550

Introduction : Joachim Du Bellay fait partie du groupe de 7 poètes (dont Pierre de Ronsard) qui constitue le mouvement littéraire de la Pléiade. Ce mouvement littéraire contribue en 1549 à l’épanouissement de la langue française  par   La Défense et illustration de la langue française  en prônant les modèles antiques (grec, latin).  Les poètes s'inspirent notamment du poète Pétrarque. On retrouve ces aspects dans L'Olive, œuvre écrite la même année et qui constitue le premier recueil de poèmes amoureux adoptant la forme du sonnet. Inspiré de modèles italiens Du Bellay utilise dans ce poème le thème de la Belle matineuse (la femme aimée qui dépasse en luminosité et en beauté le soleil qui vient de se lever).



Un sonnet : Les deux premiers quatrains forment une unité tout en étant opposés. Les deux quatrains commencent de la même manière (anaphore de « Déjà ») et sont tous deux à l’imparfait ce qui souligne leur unité. Les verbes ont d’ailleurs la même place dans chaque strophe : « amassait » et « rougissait » vers 1 et 5, « enrichissait » et « chassait » aux vers 4 et 8.
Poète situe la nymphe dans son univers personnel qu'il évoque avec émotion dans l'apostrophe du 1er hémistiche : « O fleuve mien ! » Il prend le fleuve à témoin.
« L'Angevin » région du poète : l'Anjou, Angers...  La Loire.

Personnification des éléments naturels :
 
 

Personnification de la NuitComparée d'abord à une bergère où les étoiles sont son troupeau. Les chevaux noirs peuvent évoquer les chars mythologiques : elle s'en sert pour rassembler les étoiles : allusion directe au char d’Apollon.
paronomase : consiste à rapprocher des mots comportant des sonorités semblables qui ont des sens différents. sujet de 4 verbes d'action : « amassait », « entrer », « fuyant », « chassait »  personnification de la nuit.
 - Sonorités : Allitération des sifflantes [f]x2, [s]x4 et [ch]x2. Paronomase vers 4 avec « chevaux chassait » : harmonie imitative, sonorités qui semblent faire entendre le souffle des chevaux en cavale. Allitération en [r]x8 qui évoque peut-être le râle des chevaux.
 Personnification du jour : 

« l'aube » : « des tresses tant blondes » /  verbe « enrichissait »; « faisant grêler » verbes d'action qui font de l'aube une personne. L'Aube semble dotée d'un pouvoir surnaturel de métamorphose.
Contraste entre le côté solennel de la nuit et la simplicité du jour : les« perlettes » évoquent de petites perles sans prétention. Le caractère généreux du jour est mis en valeur : l’aube distribue ses trésors : la rosée du matin.

Du Bellay dresse dans chaque strophe un tableau aux couleurs évocatrices : les « cavernes profondes » désignent l’obscurité, relayées d’ailleurs par l’adjectif « noirs », dans le deuxième quatrain la couleur dorée domine, par des adjectifs explicites : «  blondes », et par des expressions plus implicites : « de ses trésors les prés enrichissait », «mille perlettes rondes », le premier tercet est dominé par la couleur verte et le second tercet par le rouge. 
Les deux premiers tableaux s'éclipsent au profit d'un nouveau tableau plus frappant. Apparition de la première personne : « Je » + verbe de perception + apostrophe lyrique « Ô fleuve mien » 

L’apparition de la nymphe :

-Changement de temps : "je vis" (v. 10) passage au passé simple. « comme une étoile vive ». Insiste sur l'idée de lumière : « étoile », adj « vive » donne un caractère fulgurant. 

La femme aimée apparaît par une métaphore : elle est élevée au rang d’une divinité « cette nouvelle Aurore » : nymphe montre que le jour a poursuivi son évolution (aube aurore) : terme qui prépare la rivalité entre les 2 éléments nymphe devient une nouvelle aurore qui entre en rivalité avec l'aurore réelle.
La plus grande beauté de la nymphe explique la réaction humaine du jour qui devient honteux ciel coloré.
Si Du Bellay utilise la mythologie pour faire l'éloge de la femme aimée, il donne en même temps à son sonnet une dimension plus familière et plus personnelle en variant les tonalités. - Mise ne scène de l'apparition de la nymphe.  (le mot « Nymphe » n'apparaît qu'au vers 11 alors qu'elle est annoncée depuis deux vers) : effet de suspension dramatique, d'attente -> 
- Allitérations en [k] au v.9 : "Quand d'occident, comme une étoile vive" qui souligne l'étonnement, la force de l'apparition. 
- La Nymphe sortant d'un fleuve évoque implicitement la figure mythologique d'Aphrodite. Mais parce qu'elle apparaît dans un lieu cher au poète : "ô fleuve mien !", le poème devient plus personnel et moins formel.
- Couleurs du paysage : vert de l'eau et de l'herbe de la rive, l'éclat de l'étoile vive.

Rythme du poème :

- Rythme des vers : décasyllabes. Les enjambements miment la fuite du temps. Et les vers au rythme équilibré soulignent l'opposition entre la nuit et le jour naissant.
Rimes embrassées : peuvent souligner la générosité de l'aube pleine de trésors et pour la nuit l'aspect ramassé du troupeau...
-  Rupture au début du premier tercet : « Alors » de valeur chronologique et logique + présent de narration (qui rend présent un fait passé) et présent progressif (« colore » vers 13 et « voyant » vers 12). Le troisième tableau se modifie, se magnifie en un quatrième tableau encore plus marquant.
- La Nymphe est désormais comparée par le biais d'une métaphore à une « nouvelle Aurore » (vers 12), comme si sa beauté éblouissante (vers 9) surpassait celle de « l'Aube » déjà présente. L'arrivée de la Nymphe annonce la victoire de l'Occident sur l'Orient, la victoire de la Nymphe/Nouvelle Aurore sur l'Aube, avec la double transfiguration du ciel et du poète.
- Vers 13-14 : au lieu du traditionnel Occident / Orient on a Angevin / Orient, comme si cette petite région représentait tout l'Occident car la femme aimée s'y trouve.  ce terme « l'Angevin » peut définir le poète.
- Couleurs du paysage : le rouge du ciel qui s'empourpre (enjambement du vers 13 à 14 : amplification rythmique qui met en valeur la pointe tout en traduisant la double contamination de l'Orient et de l'Occident, qui deviennent rouges) de honte et de jalousie l'emporte sur l'atmosphère bucolique du tercet précédent. A moins que ce ne soit le poète qui rougisse, et sa rougeur fait écho à celle du ciel.
- On abandonne la première personne du premier tercet pour la troisième personne : le poète se désigne lui-même par « l'Angevin » (vers 14) -> mise à distance, recul, comme s'il se regardait rougir de loin avec un brin d'humour et d'ambiguïté -> rougissement de gêne/ pudeur, de plaisir ou peut-être même de désir.

Mais ils sont opposés parce que le premier quatrain présente la nuit et le second le jour. Le premier quatrain présente un mouvement de fuite et le second le mouvement inverse. Il existe une progression dans le poème. Les deux quatrains préparent l’arrivée d’une nouvelle lumière qui constitue la « pointe » du sonnet au dernier tercet.

Poème lyrique et humaniste : dans la seconde partie, le poète exprime ses sentiments dans une exclamative qui semble irrépressible : « ô fleuve mien ! ». Du Bellay évoque ainsi son Anjou natal ainsi que la Loire auxquels il est très attaché. Dans ce poème, cohabitent un thème mythologique et connu : le topos de la belle matineuse et un  thème cher au poète : son pays natal : « l’Angevin » « ô fleuve mien ! » C’est ce qui fait l’originalité du poème et le rend plus touchant et ne se réduit pas ainsi à un exercice de style aussi brillant soit-il.
Topos : une topos est un sujet littéraire qui revient souvent jusqu’à constituer un thème récurrent et attendu dans la littérature.
Le poète apparaît comme témoin de cette apparition de la « Nymphe » (vers 11). Il semble placé au bord de la Loire et surpris par cette apparition, à moins qu'il ne l'ait attendue.

 Nymphe : divinité féminine des eaux et des bois dans la Grèce antique.
Personnifications succèdent aux personnifications, images succèdent aux images pour animer la nature comme dans la mythologie pour mettre en valeur la femme aimée qui devient la plus belle des divinités.
Conclusion
Dans ce poème chaque strophe constitue une unité de sens : un personnage principal, un paysage, une couleur dominante, et une action. Les trois premières strophes préparent la pointe (« tout le sonnet est tendu vers sa chute » de Théodore de Banville dans son Traité sur le sonnet) : victoire de la belle sur le jour. Le poète a choisi de faire place à sa culture personnelle. Il choisit d'évoquer l'antiquité pour s'inscrire avec les poètes de la Pléiade dans ce retour de l'antiquité qui marque l'humanisme.




La pointe du poème : dernier tercet : Beauté du jour supplanté par la beauté de la nymphe/ femme aimée du poète


Un exemple de topos : celui de la Belle Matineuse : Un thème précieux au XVIe et au XVIIe siècles. 



Exemple :
Des portes du matin l'Amante de Céphale 
Ses roses épandait dans le milieu des airs
Et jetait sur les Cieux nouvellement ouverts
Ses traits d'or et d'azur qu'en naissant elle étale 
Quand la Nymphe divine à mon repos fatale ,
Apparut, et brilla de tant d'attraits divers
Qu'il semblait qu'elle seule éclairait l'univers
Et remplissait de feux la rive orientale. 
Le Soleil se hâtant pour la gloire des Cieux,
Vint opposer sa flamme à l'éclat de ses yeux
Et prit tous les rayons dont l'Olympe se dore. 
L'onde , la terre, et l'air s'allumaient à l'entour.
Mais auprès de Philis on le prit pour l'Aurore
Et l'on crut que Philis était l'astre du jour.
Vincent Voiture, (1597-1648), 1635.




Questions envisageables :
Comment la forme du sonnet est-elle ici au service de la mise en scène de la femme aimée ?
En quoi ce poème est-il lyrique ?
En quoi ce poème évoque-t-il un topos de manière originale ?

Mme Roche et Mme Vrand

lundi 18 mai 2015

Les membres et l'estomac fiche récap

Fiche récapitulative : “Les Membres et l’Estomac” Jean de La Fontaine  Fables III, 2 1668

Contexte historique : En 1650, la France a connu la Fronde, une révolte populaire des Parisiens mécontents des abus du pouvoir royal. Quelques années plus tard, face aux exigences croissantes des impôts appliqués par Colbert, une nouvelle révolte était à craindre. La Fontaine écrit cette fable à cette époque et semble par-là soutenir le pourvoir royal. Il s’inspire de deux apologues antiques, l’un d’Esope (VIème s av. JC) intitulé Le ventre et les pieds et l’autre rapporté par Tite Live (historien latin du Ier s ap J.C) lors de la révolte du peuple contre le sénat.

Un récit plein de vivacité.
La Fontaine commence par un mea culpa, il reconnait qu’il aurait dû commencer par la Royauté, puis établit un lien entre le personnage de Gaster et la figure Royale. Il fait ensuite le récit mettant en scène les membres et l’estomac  et en tire une leçon :  v24-25 : Ceci peut s’appliquer à la grandeur Royale. /Elle reçoit et donne, et la chose est égale. » Cependant la fable ne s’arrête pas là. La Fontaine rappelle un épisode de l’histoire romaine qui montre le pouvoir de la fable à des fins argumentatives.
Ainsi la fable de La Fontaine est une sorte de compilation de deux récits qui se renforcent l’un l’autre et permet au lecteur de ne pas se lasser.
·         Système des temps verbaux : Dans chaque récit l’auteur utilise le passé simple et le présent de narration pour dynamiser son texte puis le présent de vérité générale pour élargir son discours à une morale.
·         Hétérométrie : les effets de rupture dans les fables ont toujours un sens. Ici alors que le récit est en alexandrins,  au v.15, le décasyllabe montre la rapidité avec laquelle les membres décident de ne plus fonctionner : « Les bras d’agir, les membres de marcher », Au v.21 l’octosyllabe prouve la force de la leçon : « Par ce moyen, les mutins virent ».
·         Mélange des discours : Le discours direct domine dans la première partie : « Il faudrait, disaient-ils, sans nous qu’il vécût d’air » v.9. Les membres expriment leur ressentiment clairement. Ils font front en utilisant le « nous » face à Gaster (l’estomac paresseux selon eux)
Le discours indirect domine dans la deuxième partie. Le « nous » fait place au « ils » devant lesquels Ménénius fait face.
·         La Fontaine met en scène des éléments du corps humain qui représentent commence métaphoriquement le roi (l’estomac) et le peuple (les membres). Cette image semble plus efficace puisque leur interdépendance est plus évidente.
Une réflexion politique :
·         Eloge du roi : le roi semble subvenir à tous les besoins de la société : accumulation d’actions v.28-31. « Elle fait subsister l’artisan de ses peines/ Enrichit le Marchand, gage le Magistrat, /Maintient le laboureur, donne paie au soldat, / Distribue en cent lieues ses grâce souveraines. »
·         Jeu entre le « tout » et le « un » = au départ, le fait que tous travaillent pour un seul est montré comme une injustice : «  Nous suons … Pour lui seul ». Même idée dans la deuxième histoire : « il avait tout l’Empire ». Mais à la fin de cette partie de la fable, le rapport s’inverse et devient équitable : « tout travaille pour elle, et réciproquement ». On peut remarquer des mots qui évoquent la partialité de cette vision des choses initialement : les termes croyait » et « erreur » marquent le renversement entre les deux conceptions de la royauté.
·         L’utilisation d’un épisode romain montre l’attachement de La Fontaine pour les Anciens (très grande influence chez les Classiques du XVIIème) et puisque Ménénius a réussi à calmer la révolte des plébéiens, La Fontaine semble dire que la leçon est à retenir.
·         Cependant, cette fable constitue aussi un éloge ambigu :
·         V1 et 2 : L’aveu du début de la fable  peut être considéré comme une marque de révérence mais aussi comme un manque de respect envers le roi.
·         Les membres du corps font la liste de tout ce qu’ils subissent : v10.11 dans un rythme particulièrement vif :  « Nous suons, nous peinons, comme bêtes de somme » L’assonance en [o] et [ou] donnent de l’ampleur au travail accompli et accentue le contraste avec le vers suivant :  « Et pour qui ? Pour lui seul » (« seul » se trouvant à la césure). Ainsi les membres dénoncent leur condition d’esclaves et se comparent à des animaux (ce qui est amusant pour une fable). De plus, le pouvoir royal est décrit à maintes reprises comme « oisif », « paresseux », « sans rien faire ». Il est ainsi accusé de profiter du peuple qu’il oppresse injustement.
·         La Fontaine prend quelques précautions quand il critique le pouvoir royal en ne le désignant pas par la personne qu’il incarne : le Roi. Il utilise plutôt les termes « grandeur Royale » ou bien « la Royauté ». Ainsi le Roi-Soleil ne peut se dire visé directement.

Une réflexion sur la poésie et le pouvoir de la fable.
·         Au-delà d’un éloge et d’une critique confondus du pouvoir royal, La Fontaine a un troisième objectif : celui de montrer l’efficacité du genre de la fable. A deux reprises l’ambassadeur Ménénius est cité et semble être un exemple de diplomatie : « Ménénius le sut bien dire » v33 et « Quand Ménénius leur fit voir » v41. Notons qu’à chaque occurrence le nom est mis en valeur par un vers plus court (octosyllabe) et  une diérèse sur Ménéni-us.
·         En glorifiant cette position de médiateur issu de l’histoire romaine, La Fontaine en écrivant une fable devient un médiateur lui-même. Médiateur nécessaire et important dont le rôle est de faciliter les relations au sein du corps social.

Conclusion : Une fable à la construction complexe qui ne tombe pas dans l’éloge béat de la royauté mais en souligne les qualités et les défauts avec subtilité. Enfin et c’est ce qui rend le fabuliste si nécessaire, cette fable en s’inscrivant dans une tradition ancienne en utilisant des textes antiques qui font référence, rend compte de la puissance de l’apologue sur ses lecteurs.


Questions envisageables :
A quoi tient l’originalité de cette fable ?
En quoi cette fable fait-elle l’éloge de la puissance royale ?
A quelles morales cette fable aboutit-elle ?

Textes sources :
L’apologue rapporté de Tite Live :
Introduit dans le camp, Ménénius, dans le langage inculte de cette époque, ne fit, dit-on, que raconter cet apologue : (9) Dans le temps où l'harmonie ne régnait pas encore comme aujourd'hui dans le corps humain, mais où chaque membre avait son instinct et son langage à part, toutes les parties du corps s'indignèrent de ce que l'estomac obtenait tout par leurs soins, leurs travaux, leur ministère, tandis que, tranquille au milieu d'elles, il ne faisait que jouir des plaisirs qu'elles lui procuraient. (10) Elles formèrent donc une conspiration : les mains refusèrent de porter la nourriture à la bouche, la bouche de la recevoir, les dents de la broyer. Tandis que, dans leur ressentiment, ils voulaient dompter le corps par la faim, les membres eux-mêmes et le corps tout entier tombèrent dans une extrême langueur. (11) Ils virent alors que l'estomac ne restait point oisif, et que si on le nourrissait, il nourrissait à son tour, en renvoyant dans toutes les parties du corps ce sang qui fait notre vie et notre force, et en le distribuant également dans toutes les veines, après l'avoir élaboré par la digestion des aliments. (12) La comparaison de cette sédition intestine du corps avec la colère du peuple contre le sénat, apaisa, dit-on, les esprits. 
L’apologue d’Esope : L’Estomac et les pieds.
L’estomac et les pieds disputaient de leur force. À tout propos les pieds alléguaient qu’ils étaient tellement supérieurs en force qu’ils portaient même l’estomac. À quoi celui-ci répondit : « Mais, mes amis, si je ne vous fournissais pas de nourriture, vous-mêmes ne pourriez pas me porter. » Il en va ainsi dans les armées : le nombre, le plus souvent, n’est rien, si les chefs n’excellent pas dans le conseil.



mardi 17 mars 2015

La mort de l'arabe fiche récapitulative



                      Fiche récapitulative : L’ Étranger, la mort de l’arabe, chap.6
(De : « j'ai pensé que.... » à la fin du chapitre)



Ø On retrouve des traits d’écriture habituels du narrateur lors du récit de cette scène qui relate pourtant un événement dramatique - il tue un homme-, une écriture de la sobriété. Le narrateur-personnage  semble étranger à toute volonté de s'analyser ou de se justifier.

    

§  le narrateur emploie beaucoup de phrases simples (phrases avec un seul verbe conjugué) : « J'ai fait quelques pas vers la source », « J'ai secoué la sueur et le soleil »....,. Les phrases sont brèves : (citer des exemples), et suivent le plus souvent l'ordre sujet, verbe complément : «J'ai pensé que.... », « L'arabe n'a pas bougé », « la lumière a giclé sur l'acier », «  La brûlure du soleil gagnait mes joues ...»

§  Il  propose un récit bâti autour d'une succession d'instants : les expressions temporelles : « Et cette fois », « Au même instant », « C'est alors que », « Alors, j'ai tiré encore », ainsi que la conjonction de coordination « et », montrent que le narrateur perçoit les événements comme  une suite de moments qui ne sont pas liés de façon logique, Meursault rapporte des faits, des gestes, sans chercher à en proposer une explication.

§  Les liens de cause sont incertains, ténus : « peut-être à cause des ombres », « À cause de cette brûlure....Je savais que c'était stupide ». Le lien entre le pas de Meursault et le geste de l'arabe n'est pas explicite, ni entre ce geste et le coup de feu.

             
Ø   Toutefois, des éléments d'écriture nouveaux présentent des images     d’apocalypse et soulignent la violence de la scène, il s'agit de comparaisons et de métaphores : le couteau sous l'effet de la lumière  est « comme une longue lame », « un glaive éclatant », « une épée brûlante », le narrateur sent « les cymbales du soleil », « Le ciel s'ouvre....pour laisser pleuvoir du feu ».
Les images présentent aussi le motif de l'aveuglement du personnage : la sueur recouvre ses yeux d'un  « voile », forme un « rideau ».
De plus,  les coups de revolver sont comme frappés « sur la porte du malheur ». Tout ceci, violence, aveuglement, malheur, confère au texte une tonalité tragique.

Ø    Meursault vit la scène à travers ses sensations : le champ lexical des sens est   très développé :
«  J’ai senti », « je ne pouvais plus supporter », « mes yeux étaient aveuglés », « je ne sentais plus », « j'ai crispé ma main », « j'ai touché »...

Ø Le tragique vient des éléments extérieurs, de la violence du feu, de la chaleur.
     Ce sont les éléments du cosmos qui semblent provoquer le geste de Meursault, « la plage vibrante de soleil » le « presse », « la mer », « le ciel ». L'accumulation des notations sensorielles incite à voir dans les effets du soleil et de la chaleur la cause de la mort de l’arabe : la « brûlure »  (terme répété 2 fois) du soleil est « insupportable  », engendre une violence insoutenable sur le corps « le front surtout.....battaient ensemble sous sa peau »,  « la   lumière.....m'atteignait au front », « je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front »...

Ø    Le récit semble donc décharger Meursault de toute responsabilité directe,

§  C'est peut-être parce que le « front » du personnage (le front est traditionnellement associé à la pensée et à la conscience) est altéré que le personnage commet un geste absurde pour se défendre d'une brûlure. De même, le geste de l'arabe n’apparaît pas explicitement  agressif, c'est seulement parce qu'il a été « présenté dans le soleil» que le couteau est devenu terriblement menaçant. Le tragique pour Meursault s'incarne ici dans la brûlure du soleil sur son corps souffrant, autant de forces qui le dépossèdent  de toute volonté consciente et qui le dépassent.(une fatalité qui vient d’une force extérieure=le soleil ; une fatalité qui vient de l’intérieur du personnage= ses sensations exacerbées sous l’effet de la violence du soleil)

§  Le choix des sujets des verbes montre à quel point l'acte est involontaire,  a échappé à son auteur : « tout a vacillé », « La mer a charrié », «  La gâchette a cédé », les actions semblent s'accomplir d'elles-mêmes. Lorsque Meursault emploie la première personne « J'ai crispé ma main », l'acte semble venir seulement d'un mouvement réflexe du corps. L'expression « J'ai touché le ventre poli de la crosse » montre à quel point il ne mesure pas les conséquences du geste accompli, au contraire il semble à ce moment trouvé un peu de douceur.


Ø   La conscience ne vient qu'après l’accomplissement de l’acte, il semble qu'elle ait été réveillée par le bruit des coups de feu : « J'ai compris »    « J'avais détruit …..où  j'avais été heureux. ». L’emploi du plus-que –parfait souligne le fait que cette conscience dégage alors de l’instant. Mais il s'agit plus de la conscience de la rupture d'un équilibre du monde, de la conscience d'une rupture, que de celle de la mort d'un être humain, désigné comme « un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. » Là encore, Meursault semble étranger à tout sentiment humain.


Ø On peut donc se demander qui est ce personnage  de Meursault:

§  une victime de forces qui ont conduit cette tragédie, d’un enchaînement de circonstances qui l’ont conduit là, sur cette plage, dans cette chaleur accablante, avec un révolver que, par une ironie tragique, il avait pris par précaution à Raymond pour qu’il ne tue pas ?
§  un inconscient, qui fait preuve d’une légèreté coupable, qui cherche un peu de fraîcheur auprès d’une source et ne se rend pas compte de ce que son attitude peut avoir de menaçant au vu de ce qui s’est passé auparavant ? Raymond  s’est déjà battu avec l’arabe et a été blessé, l’arabe peut donc légitimement penser que Meursault revient venger son ami. Il agit dans un état second, sans même se rendre compte de ce qu’il fait.
§  un homme absurde, dont l’existence tout entière n’a pas de sens, dont la vie et les actes n’ont aucune signification, et qui se rend compte à ce moment-là, dans cette situation dramatique, qu’il lui faut accepter ce destin qu’il n’a pas choisi, et qui donc tire encore quatre fois sur un corps déjà mort parce qu’il lui faut assumer ses actes et l’incohérence de son existence?



Un passage en tout cas d’une forte tension dramatique qui, tout en s’inscrivant dans la continuité de ce qui précède – ce sont les circonstances liées à la vie quotidienne d’un employé français à Alger un peu étrange qui l’ont conduit à accomplir l’irrémédiable -- , marque un tournant. Si le personnage reste opaque à lui-même pendant la plus grande partie du récit, il prend conscience à la fin de la tragédie qui vient de se jouer pour lui, choisit de l’assumer, et cette évolution s’accompagne d’un changement stylistique, ce qui est une des caractéristiques du roman de Camus.


Questions possibles :
Dans quelle mesure ce passage est-il tragique ?
En quoi le personnage de Meursault est-il un étranger ?
En quoi/ comment ce passage présente-t-il un tournant dans le roman ?
En quoi/dans quelle mesure le personnage est-il un anti-héros ?