lundi 6 juin 2016

Tartuffe Acte IV, scène 5

Acte IV, scène 5


Tartuffe, Elmire, Orgon

I Une scène comique

a)    Revirement d’Elmire
b)    Comique de gestes
c)     Situation d’Orgon
d)    Double énonciation d’Elmire.
Orgon est caché sous la table et les propos d’Elmire sont à la fois adressés à Tartuffe mais aussi à son mari dans le but de le faire enfin sortir. Il s’agit d’une double énonciation
·      La didascalie « Elle tousse pour avertir son mari » montre qu’Elmire tient un double langage. Il s’agit pour elle d’avertir Orgon et de ralentir l’assaut de Tartuffe.


II Avec une dimension tragique
a)    Le piège tendu par Elmire
Vers 1455 La réplique est à la fois destinée à Tartuffe mais aussi à Orgon. Elmire utilise le « on » pronom personnel indéfini pour se désigner mais ainsi faire comprendre à Orgon que ce n’est pas tout à fait elle… C’est une manière pour elle d‘établir une distance entre ce qu’elle dit et ce qu’elle pense. En revanche le pronom personnel « vous » désigne à la fois Orgon et Tartuffe.  C’est déjà un appel au secours  et/ou prise de conscience que son mari n’est pas encore convaincu. Orgon et Tartuffe  sont responsables d’un piège des plus oppressants pour Elmire. Chacun des deux exige des preuves. Elmire se trouve coincée. Cette situation provoque de la sympathie pour le personnage d’Elmire de la part du spectateur.

b)    Se referme
Les phrases interrogatives d’Elmire marquent son étonnement et lui permettent de repousser le moment crucial. C’est une stratégie de défense. «  Quoi ! Vous voulez aller à cette vitesse ? » A partir de cette réplique on peut percevoir chez elle de la panique et/ou de la colère envers son mari toujours bien caché, sans réaction. C’est ce qui peut faire rire le spectateur ou le mettre mal à l’aise selon la mise en scène.
·      Elmire doit se résigner à aller jusqu’au bout et accorder comme elle le dit « les dernières faveurs » v 1458
·      La réplique v1467- v1476 est ponctuée d’exclamatives. Alors qu’au premier assaut, le premier effet de surprise passé, Elmire parvenait à retrouver son calme, ici le sentiment de panique domine. « Mon Dieu » ouvre la réplique comme un appel désespéré, puisque son mari ne réagit toujours pas. 4 vers commencent par la conjonction de coordination « Et », comme pour mimer un semblant de cohérence dans les propos. Cependant ces conjonctions cachent finalement le trouble profond d’Elmire qui ne sait plus comment agir. De plus, le lexique employé dans cette réplique montre bien son désarroi. Le désir pressant de Tartuffe s’apparente pour elle à un abus de pouvoir. Il ressemble à un assaut guerrier dont elle tente de se défendre : « en vrai tyran », « avec violence », « de votre poursuite on ne peut se parer », « sans quartier », « il prend un furieux empire », « d’abuser ainsi ». La diérèse sur « furi-eux » laisse penser qu’Elmire accentue cette syllabe pour alerter une nouvelle fois Orgon. Malgré la situation éminemment comique, cet instant précis et ce terme précisément fait basculer la scène pour un instant dans la tragédie. Elmire est bien malgré elle accablée par les propos de Tartuffe et bientôt par ses avances. 




III Et une dimension critique
a)    Tartuffe dans la première réplique parle de son désir pour Elmire en utilisant un lexique religieux auquel il est habitué : « béatitude ».
b)    Son langage est hyperbolique : « félicité », « bonheur », « une douceur extrême », « leur miel dans tous mes sens fait couler à longs traits une suavité qu’on ne goûta jamais ». Les deux vers s’enchaînent et correspondent à ce qui est dit « fait couler à longs traits ». Tartuffe peut paraître vraiment sincère ou complètement faux et ridicule. Les mots sont liés à ce qui suit c’est-à-dire aux plaisirs de la chair : « tous mes sens »
c)     Répétition de « cœur » qui rime d’ailleurs avec « bonheur ». Tartuffe semble ne parler que de sentiments, mais son objectif n’est pas de parler d’amour. Elmire est surprise par la rapidité avec laquelle il glisse vers son objectif véritable. L’exclamation « quoi !» le montre. Tartuffe veut donc du concret « qu’un peu de vos faveurs(…) ne viennent m’assurer tous ce qu’ils ont pu dire » A la manière de Saint Thomas qui exige des preuves, Tartuffe exige les siennes.
·      Il argumente parfaitement son propos et souligne le revirement d’Elmire. « Mais » « qu’ »
·      Tartuffe utilise le présent de vérité générale qui renforce son argumentation et ainsi apaiser les craintes d’Elmire.
·      V. 1449 « Qu’un peu de vos faveurs, après quoi je soupire, Ne vienne m’assurer tout ce qu’ils m’ont pu dire. » Tartuffe demandait des preuves de l’affection d’Elmire et dans la réplique suivante il réitère 1465- 1466 « Et je ne croirai rien que vous m’ayez Madame, Par des réalités su convaincre ma flamme » C’est un deuxième assaut qui déstabilise encore une fois Elmire qui ne peut le faire attendre indéfiniment.

·      La critique de la fausse dévotion est évidente.