jeudi 19 juin 2014

Dernière ligne droite

La première étape est passée ! Si vous ne connaissiez pas les textes vous connaissiez au moins les auteurs !!!!
Relisez bien vos fiches récapitulatives, 
reprenez le quizz et sa correction,
 faites des ponts entre les textes de la même séquence.
Travaillez en binôme,
mettez-vous à la place de l'examinateur et vous trouverez les questions qu'il vous posera sans aucun doute...
Après avoir fait tout cela...
vous pouvez vous reposer
un peu...
sortez....
allez marcher....
ou faites du sport c'est encore mieux.


Dernier conseil pour vos révisions : ne soyez pas trop ambitieux : un objet d'étude par jour et pas 8 heures d'affilée.

Bon courage pour ces derniers jours pour ceux que je ne pourrai pas voir pas avant leur épreuve...


mardi 17 juin 2014

L'éloge de la Folie 1ières L



 L’éloge de la  Folie, Erasme

Érasme a bien connu les institutions religieuses puisqu’il entre au couvent dès son adolescence. Mais il développe très vite un véritable esprit critique envers la vie monacale. Grâce à sa curiosité intellectuelle et sa fréquentation des humanistes européens, il devient une référence et participe au grand mouvement humaniste de l’Évangélisme. L’Éloge de la Folie est sans doute son oeuvre la plus célèbre. Il y met en scène Moria (la folie, en latin) pour critiquer la société de son époque. Dans l’extrait que nous allons étudier Moria fait un portrait peu flatteur des ordres religieux.

·         Enonciation : C’est bien Moria qui parle dans ce texte. Les indices de la première personne y renvoient à Moria (« à mon sens », « grâce à moi »)
L’auteur choisit de faire parler la Folie pour que son propos soit plus convaincant.  La prosopopée est une figure de pensée qui « consiste à mettre en scène une personne qui n’est pas là, comme si elle était présente, ou à donner la parole à une chose muette ou abstraite »
En disant qu’elle apporte une aide aux hommes en leur permettant de croire à leur déraison, elle permet en même temps de faire comprendre au lecteur combien ces hommes dits « religieux » sont éloignés du message du Christ. L’idée est reprise à la fin du texte : « en attendant, grâce à moi, ils jouissent de leur espérance. »
L’autre voix présente dans ce texte est celle du Christ lui-même. Même si Erasme invente ces propos le but est évidemment de revenir au message évangélique.

·         Critique des ordres religieux : Cette critique est explicite puisque Moria les compare à des ânes. « Quand ils braient comme des ânes dans les églises. » Dans la tradition proverbiale l’âne est considéré comme un animal stupide.  Cela signifie que les moines ne savent pas chanter mais surtout qu’ils ne comprennent pas le sens de ce qu’ils chantent.
La critique se poursuit grâce à une autre comparaison : « ils beuglent aux portes » qui assimile les Religieux mendiants (c’est-à-dire des Religieux qui font vœu de pauvreté au point de devoir demander aux hommes leur moyen de subsistance) à des bovins. Ces défauts sont explicités à la fin du paragraphe : « de la saleté et de l’ignorance, de la grossièreté et de l’impudence »La comparaison continue et montre les moines agressifs : « des guêpes » qui rappelle que les moines ont le pouvoir de calomnier les gens et les critiquer dans les sermons. Enfin les moines ressemblent à des chiens : « Ils ne cesseront d’aboyer que si on leur met la pâtée dans la bouche » comparaison qui n’est pas sans rappeler le monstre Cerbère qui ne peut être amadoué que par « une boulette soporifique de miel et de fruits traités. » Les moines ne sont pas seulement stupides mais ils sont aussi méchants.
·         La critique principale des ordres religieux vient de leur caractère hypocrite. Ils sont loin du message évangélique et leur comportement absurde ressemble à celui des pharisiens que Jésus dénonçait violemment en son temps : « vous nettoyez l’extérieur de la coupe mais celle-ci est remplie d’immondices ». 
·         Moine vient du terme « monos » : seul. Or les moines décrits dans ce texte vivent dans le monde : »Personne ne circule davantage en tous lieux que ces prétendus solitaires. »
·         L’hypocrisie vient aussi de la « règle », celle qui définit les préceptes disciplinaires des membres d’une même communauté. Or cette règle perd de son sens puisqu’elle devient un moyen de se différencier des autres ordres : « se différencier entre eux. »

lundi 16 juin 2014

Textes et questions

REGARDEZ BIEN LES HORAIRES IL Y ENCORE DES CHANGEMENTS !!!!!

Textes et questions

Jeudi 19 juin :

  • 13 h : Audrenne
  • 13h30 : Margaux : Le Jeu de l'amour et du H, Acte  I, scène 1 : En quoi cette scène est elle caractéristique d'une scène d'exposition ?
  • 14 h : Lisa B : Le Renégat : Quels reproches le poète fait-il à ses contemporains ?
  • 14h30 : Nicolas :Le Jeu de l'amour et du H, Acte  I, scène 1 : En quoi cette scène est elle caractéristique d'une scène d'exposition ?
  • 15h : Zelda : Le Jeu de l'amour et du H, Acte III, scène 6 : En quoi tient le comique de la scène ?
  • 15h30 : Alice
  • 16h : Augustin : Ce cœur qui haïssait la guerre, En quoi les oppositions dans le texte renforce t-elles l'engagement du poète ? 
  • 16h30 : Lisa Q : Lux, En quoi ce texte marque t-il l'engagement du poète ? 

Vendredi 20 juin
  • 11h30 : Nicolas : Incipit Le R et le N : En quoi cet incipit est il réaliste ?
  • 12h : Lisa Q : Le R et le N : chap 4 : Comment apparaît Julien dans cet extrait ?
  • 12h30 :Emeline : Lux : En quoi ce texte peut-il ressembler à un discours politique ?
Lundi 23 juin 
  • 9h30 : Alexis : Le R et le N, chap 6 : Comment l'auteur nous présente t-il cette scène de rencontre avec réalisme ?
  • 10h : Raphaël : Médée, Anouilh : En quoi tient le tragique de la scène ?
  • 10h30 : Timothée : Le Jeu de l'amour et de H :Acte III, scène 6 : En quoi tient le comique de la scène ? 
  • 11h : Margaux : Le R et le N : chap 6 : Comment les deux personnages apparaissent-ils dans cette scène ?
  • 11h30 : Lisa B : Phèdre, l'aveu à Oenone : En quoi cette scène est-elle tragique ?
  • 12h : Louise  Lux : En quoi ce texte marque t-il l'engagement du poète ? 
  • 12h30 : Camille : Médée, Max Rouquette : En quoi ce dénouement est-il poignant ?

samedi 14 juin 2014

Discours de La Boétie

Discours de la servitude volontaire.
Indignation de l’auteur : L’auteur s’interroge sur cette situation inexplicable : comment des millions d’hommes qui ont la supériorité du nombre peuvent-ils accepter d’être asservis par un homme sans qualité ?
Paradoxes dans le texte :
1.       Disproportion des forces : La Boétie insiste sur cette disproportion comme pour persuader son lecteur de l’absurdité de la situation. Ce thème est abordé à travers des gradations : « tant d’hommes, tant de villes, tant de nations » Dans le 3ième § aussi : « si deux, si trois, si quatre », « si cent, si mille », « non pas cent, non pas mille, mais cent mille pays, mille villes, un million d’hommes. » Ces gradations sont appuyées par les hyperboles du premier paragraphe « des millions de millions d’hommes » et du 3ème § : « un nombre infini d’hommes »
Ce qui est frappant, c’est le contraste. En face de tous ces hommes, un seul. Les mots « un », « seul » sont repris pour désigner le tyran.
2.       Le tyran étonnement ne doit pas sa place à ses qualités personnelles. Au contraire l’auteur insiste sur ses défauts et va même jusqu’à le qualifier de « hommeau », un diminutif peu flatteur. Les épithètes au superlatif accentue cette vision négative :   « le plus lâche, le plus vil et le plus efféminé de la nation » La Boétie cherche à démystifier la personne même du tyran. Il ne veut pas généraliser mais montrer la réalité.
Description de la servitude : les termes la concernant sont nettement péjoratifs : « misérablement asservis », « joug déplorable ». Le lexique de l’asservissement est riche.
Un discours très rhétorique : La Boétie est un lecteur de Cicéron est s’en inspire. Les longues périodes (longues phrases amples) en rythme ternaire en sont la preuve. Le 3ème § en est un bon exemple.
Questions rhétoriques : « Mais ô grand Dieu ! qu’est donc cela ? »  « Quel monstrueux vice est donc celui-làque le mot de couardise ne peut rendre, pour lequel toute expression manque, que la nature désavoue et la langue refuse de nommer ? » Cette dernière question est construite sur un rythme ternaire et s’élargit dans le dernier membre, ce qui donne de l’ampleur à la phrase.

 Les parallélismes de construction : Notons ainsi, par exemple, la construction « non de … mais de » dans« non d’une armée, non d’une horde de barbares, contre lesquels chacun devrait défendre sa vie au prix de tout son sang, mais d’un seul ; non d’un Hercule ou d’un Samson, mais d’un vrai Mirmidon souvent le plus lâche, le plus vil et le plus efféminé de la nation, qui n’a jamais flairé la poudre des batailles, mais à peine foulé le sable des tournois » qui compare la réalité médiocre du tyran aux qualités d’un héros ou à la supériorité d’une armée.
Tous ces procédés oratoires ne peuvent laisser le lecteur indifférent. La Boétie se place du côté du peuple, des opprimés. Mais en désignant la faiblesse de ceux qui sont asservis par le terme de « vice » qui est très fort, il cherche à réveiller l’honneur de ceux qui se sont laissés asservir, sans rien dire. De plus il met en valeur positivement toutes les qualités que la véritable nature humaine : « Aimer la vertu, estimer les belles actions, être reconnaissant des bienfaits reçus, et souvent même réduire notre propre bien-être pour accroître l’honneur et l’avantage de ceux que nous aimons et qui méritent d’être aimés ; tout cela est très naturel ».
Un discours optimiste : La Boétie croit en la nature humaine. Il la croit capable de s’affranchir des tyrans. C’est une caractéristique des humanistes : croire en l’Homme.

Conclusion : Cet extrait du Discours de la servitude volontaire montre donc comment l’auteur a su mobiliser les ressources de la rhétorique pour faire réagir son lecteur. En se plaçant du côté du peuple et en posant le problème de la tyrannie comme une disproportion du nombre, La Boétie offre de nouvelles pistes de réflexion sur le pouvoir, toujours d’actualité. Sa critique du tyran s’accompagne d’une confiance en l’homme, caractéristique de l’humanisme.


Questions envisageables :

·         Comment l’auteur cherche-t-il à persuader son lecteur des méfaits de la tyrannie ?

mercredi 11 juin 2014

ATTENTION

ATTENTION !
Quelques changements sur le planning ! Pour ceux dont les dates d'oraux blancs sont à déplacer, nous verrons où les placer au mieux. Soyez donc tous là vendredi.

dimanche 8 juin 2014

Présentation Humanisme

L’Humanisme

Définition : L’umanista est, à l’origine, un professeur de grammaire latine et c’est à partir de ce terme que les Italiens désignent le mouvement érudit qui prend naissance dans les cours italiennes au XIVe siècle et qui s’appuie sur la redécouverte des auteurs anciens. Le mouvement humaniste met l’homme au cœur de ses préoccupations et s’attache à développer toutes ses capacités, d’où l’importance accordée à l’éducation.


Ceux qu’on appelle les primitifs flamands, peintres de renom comme Van Eyck ou Bruegel l’ancien, renouvellent l’art pictural au XVe siècle. Et Érasme, né en 1469 à Rotterdam, qu’on dit être le premier humaniste européen, développe une réflexion politique et religieuse originale, en parcourant l’Europe. À ces réserves près, on peut noter un certain nombre d’éléments de rupture. La conception de l’homme a changé et a entraîné un optimisme dans les capacités humaines, ce qui s’est traduit par des recherches sur l’éducation et l’apprentissage dont les répercussions sont encore manifestes aujourd’hui. Le pouvoir et la religion font l’objet de critiques qui aboutiront au protestantisme. La découverte de l’Amérique et de peuples inconnus amène des modifications dans la représentation de l’homme et du monde. Ces changements de perspectives ont des conséquences sur les productions littéraires et artistiques. On assiste à un véritable renouveau de la peinture, l’architecture et la sculpture. Tout cela a été rendu possible par des progrès techniques et scientifiques : les sciences et en particulier l’astronomie ont changé la vision du monde, avec par exemple l’idée d’un univers infini. L’héliocentrisme de Copernic et l’expérience que la terre est ronde bouleversent les conceptions chrétiennes du monde terrestre. Avec les progrès de la médecine, l’homme devient un sujet d’études scientifiques. Parmi les inventions techniques, l’imprimerie révolutionne la production du livre et permet une diffusion plus large des idées. Parallèlement, la prise de Constantinople, en 1453, par les Turcs, entraîne la fuite de savants byzantins qui arrivent à Venise puis en Italie avec leur savoir et leurs manuscrits, ouvrant ainsi un intérêt nouveau pour l’Antiquité grecque



samedi 7 juin 2014

Tableau de révisions


Tableau de révisions en français


Créneaux libres : incrivez-vous
Créneaux pris : dommage











Lundi 16 juin
Mardi 17 juin
Jeudi 19 juin
Vendredi 20 juin
10h Camille
11h-12h30 Révision Générale
1ère L, S, ES, STMG
13h

11h30 Nicolas
10h30 Alexis Sonnet
14h-16h
Révision Générale
1ère L
13h30
Margaux
12h LisaQ
11h-12h30 Grand Quizz
Les textes /  Les mouvements littéraires/ Les notions
14h
Lisa Bernard
12h30 Emeline
14h30
 Nicolas

15h
Zelda

15h30


16h
Augustin 

16h30 Lisa Q







Lundi 23 juin

9h30 Alexis S

10h
 Raphaël

10h30
Timothée

11h
Margaux

11h30
 Lisa Bernard

12h00 Louise
12h30 Camille
13h





vendredi 6 juin 2014

Planning de revisions

Profitez de ce long weekend pour revoir attentivement vos textes. Mâchez- les, ruminez-les, clamez-les. Puis regardez attentivement le planning mardi affiché au secrétariat. Inscrivez-vous aux oraux blancs si ce n'est déjà fait et enfin consultez lettres à GH régulièrement...

mardi 3 juin 2014

Le jeu de l'amour et du hasard. Acte III scène 8

Le Jeu de l’amour et du hasard, Marivaux Acte III, scène 8
Dorante, Silvia
Dorante, à part. - Qu'elle est digne d'être aimée ! Pourquoi faut-il que Mario m'ait prévenu ?
Silvia. - Où étiez-vous donc, Monsieur ? Depuis que j'ai quitté Mario, je n'ai pu vous retrouver pour vous rendre compte de ce que j'ai dit à Monsieur Orgon.
Dorante. - Je ne me suis pourtant pas éloigné, mais de quoi s'agit-il ?
Silvia, à part. - Quelle froideur ! (Haut.) J'ai eu beau décrier votre valet et prendre sa conscience à témoin de son peu de mérite, j'ai eu beau lui représenter qu'on pouvait du moins reculer le mariage, il ne m'a pas seulement écoutée ; je vous avertis même qu'on parle d'envoyer chez le notaire, et qu'il est temps de vous déclarer.
Dorante. - C'est mon intention ; je vais partir incognito, et je laisserai un billet qui instruira Monsieur Orgon de tout.
Silvia, à part. - Partir ! ce n'est pas là mon compte.
Dorante. - N'approuvez-vous pas mon idée ?
Silvia. - Mais... pas trop.
Dorante. - Je ne vois pourtant rien de mieux dans la situation où je suis, à moins que de parler moi-même, et je ne saurais m'y résoudre ; j'ai d'ailleurs d'autres raisons qui veulent que je me retire : je n'ai plus que faire ici.
Silvia. - Comme je ne sais pas vos raisons, je ne puis ni les approuver, ni les combattre ; et ce n'est pas à moi à vous les demander.
Dorante. - Il vous est aisé de les soupçonner, Lisette.
Silvia. - Mais je pense, par exemple, que vous avez du dégoût pour la fille de Monsieur Orgon.
Dorante. - Ne voyez-vous que cela ?
Silvia. - Il y a bien encore certaines choses que je pourrais supposer ; mais je ne suis pas folle, et je n'ai pas la vanité de m'y arrêter.
Dorante. - Ni le courage d'en parler ; car vous n'auriez rien d'obligeant à me dire : adieu Lisette.
Silvia. - Prenez garde, je crois que vous ne m'entendez pas, je suis obligée de vous le dire.
Dorante. - A merveille ! et l'explication ne me serait pas favorable, gardez-moi le secret jusqu'à mon départ.
Silvia. - Quoi, sérieusement, vous partez ?
Dorante. - Vous avez bien peur que je ne change d'avis.
Silvia. - Que vous êtes aimable d'être si bien au fait !
Dorante. - Cela est bien naïf : Adieu.
Il s'en va.
Silvia, à part. - S'il part, je ne l'aime plus, je ne l'épouserai jamais... (Elle le regarde aller.) Il s'arrête pourtant, il rêve, il regarde si je tourne la tête, je ne saurais le rappeler, moi... Il serait pourtant singulier qu'il partît, après tout ce que j'ai fait ?... Ah, voilà qui est fini, il s'en va, je n'ai pas tant de pouvoir sur lui que je le croyais : mon frère est un maladroit, il s'y est mal pris, les gens indifférents gâtent tout. Ne suis-je pas bien avancée ? Quel dénouement ! Dorante reparaît pourtant ; il me semble qu'il revient, je me dédis donc, je l'aime encore... Feignons de sortir, afin qu'il m'arrête : il faut bien que notre réconciliation lui coûte quelque chose.
Dorante, l'arrêtant. - Restez, je vous prie, j'ai encore quelque chose à vous dire.
Silvia. - A moi, Monsieur ?
Dorante. - J'ai de la peine à partir sans vous avoir convaincue que je n'ai pas tort de le faire.
Silvia. - Eh, Monsieur, de quelle conséquence est-il de vous justifier auprès de moi ? Ce n'est pas la peine, je ne suis qu'une suivante, et vous me le faites bien sentir.
Dorante. - Moi, Lisette ! est-ce à vous à vous plaindre, vous qui me voyez prendre mon parti sans me rien dire ?
Silvia. - Hum, si je voulais, je vous répondrais bien là-dessus.
Dorante. - Répondez donc, je ne demande pas mieux que de me tromper. Mais que dis-je ! Mario vous aime.
Silvia. - Cela est vrai.
Dorante. - Vous êtes sensible à son amour, je l'ai vu par l'extrême envie que vous aviez tantôt que je m'en allasse ; ainsi, vous ne sauriez m'aimer.
Silvia. - Je suis sensible à son amour ! qui est-ce qui vous l'a dit ? Je ne saurais vous aimer ! qu'en savez-vous ? Vous décidez bien vite.
Dorante. - Eh bien, Lisette, par tout ce que vous avez de plus cher au monde, instruisez-moi de ce qui en est, je vous en conjure.
Silvia. - Instruire un homme qui part !
Dorante. - Je ne partirai point.
Silvia. - Laissez-moi, tenez, si vous m'aimez, ne m'interrogez point. Vous ne craignez que mon indifférence, et vous êtes trop heureux que je me taise. Que vous importent mes sentiments ?
Dorante. - Ce qu'ils m'importent, Lisette ? peux-tu douter encore que je ne t'adore ?
Silvia. - Non, et vous me le répétez si souvent que je vous crois ; mais pourquoi m'en persuadez-vous, que voulez-vous que je fasse de cette pensée-là, Monsieur ? Je vais vous parler à coeur ouvert. Vous m'aimez, mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous ; que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! La distance qu'il y a de vous à moi, mille objets que vous allez trouvez sur votre chemin, l'envie qu'on aura de vous rendre sensible, les amusements d'un homme de votre condition, tout va vous ôter cet amour dont vous m'entretenez impitoyablement ; vous en rirez peut-être au sortir d'ici, et vous aurez raison. Mais moi, Monsieur, si je m'en ressouviens, comme j'en ai peur, s'il m'a frappée, quel secours aurai-je contre l'impression qu'il m'aura faite ? Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte ? Qui voulez-vous que mon coeur mette à votre place ? Savez-vous bien que si je vous aimais, tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde ne me toucherait plus ? Jugez donc de l'état où je resterais, ayez la générosité de me cacher votre amour : moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. L'aveu de mes sentiments pourrait exposer votre raison, et vous voyez bien aussi que je vous les cache.
Dorante. - Ah ! ma chère Lisette, que viens-je d'entendre : tes paroles ont un feu qui me pénètre, je t'adore, je te respecte ; il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. J'aurais honte que mon orgueil tînt encore contre toi, et mon cœur et ma main t'appartiennent.
Silvia. - En vérité, ne mériteriez-vous pas que je les prisse, ne faut-il pas être bien généreuse pour vous dissimuler le plaisir qu'ils me font, et croyez-vous que cela puisse durer ?
Dorante. - Vous m'aimez donc ?
Silvia. - Non, non ; mais si vous me le demandez encore, tant pis pour vous.
Dorante. - Vos menaces ne me font point de peur.
Silvia. - Et Mario, vous n'y songez donc plus ?
Dorante. - Non, Lisette ; Mario ne m'alarme plus, vous ne l'aimez point, vous ne pouvez plus me tromper, vous avez le coeur vrai, vous êtes sensible à ma tendresse : je ne saurais en douter au transport qui m'a pris, j'en suis sûr, et vous ne sauriez plus m'ôter cette certitude-là.
Silvia. - Oh, je n'y tâcherai point, gardez-là, nous verrons ce que vous en ferez.
Dorante. - Ne consentez-vous pas d'être à moi ?
Silvia. - Quoi, vous m'épouserez malgré ce que vous êtes, malgré la colère d'un père, malgré votre fortune ?
Dorante. - Mon père me pardonnera dès qu'il vous aura vue, ma fortune nous suffit à tous deux, et le mérite vaut bien la naissance : ne disputons point, car je ne changerai jamais.
Silvia. - Il ne changera jamais ! Savez-vous bien que vous me charmez, Dorante ?
Dorante. - Ne gênez donc plus votre tendresse, et laissez-la répondre...
Silvia. - Enfin, j'en suis venue à bout ; vous... vous ne changerez jamais ?
Dorante. - Non, ma chère Lisette.
Silvia. - Que d'amour !



Les points à retenir


  • C'est la scène  qui permet à Silvia de s'assurer de l'amour éperdu de Dorante. On pourrait trouver le stratagème de Silvia presque cruel. "il faut bien que notre réconciliation lui coûte quelque chose !" Silvia avoue aussi son amour à Dorante mais vous le noterez, par  un détour. "si je m'en ressouviens, comme j'en ai peur, s'il m'a frappée, quel secours aurai-je contre l'impression qu'il m'aura faite ? Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte ? Qui voulez-vous que mon coeur mette à votre place ? Savez-vous bien que si je vous aimais, tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde ne me toucherait plus ? " Elle n'affirme rien mais utilise le conditionnel. Dorante doit lire entre les lignes. Ce qui est intéressant ici c'est la pudeur avec laquelle Silvia avoue son amour. Il lui est impossible de dire "je t'aime" directement.  On peut noter aussi la difficulté avec laquelle les deux personnages s'avouent leur sentiment. Dorante tente de destabiliser Silvia en lui annonçant son départ, mais celle-ci résiste et ne  dévoile pas. Le dialogue devient alors tendu. La tension est palpable : les répliques deviennent courtes. 
  • Cette scène ressemble à une lutte à laquelle le spectateur assiste ému. Dorante et Silvia attendent réciproquement un geste.
  • La scène commence sobrement, les deux personnages se provoquent croyant faire céder l'autre. "N'approuvez-vous pas mon idée ?"dit Dorante en espérant que Silvia se radoucisse.
  • Comme aucun des deux ne veut céder, le ton monte avec une violence contenue. Dorante utilise des questions rhétoriques, des impératifs. Silvia fait de même jusqu'à ce que Dorante promette de rester. C'est une manière pour Marivaux de désamorcer la tension et ainsi permettre aux deux personnages de réaliser ce qui est vraiment important pour eux. Le ton se fait alors plus doux, Dorante supplie même Silvia de lui expliquer son attitude. "je vous en conjure."
A suivre...