Mardi 13 janvier.
Le rythme dans le
récit :
- Le sommaire: Quand certains événements n'ont pas un
intérêt primordial pour la compréhension de l'histoire (n'oubliez pas que
tout fait sens dans un récit écrit !), l'auteur choisit de les taire ou les
condense en quelques lignes.
Exemple : Dans Jacques Damour de Zola les mois qui
séparent l’échappée de prison de Jacques et son retour à Paris sont résumés.
Cela tient au genre particulier de la nouvelle qui cherche à être efficace.
L’auteur ne peut s’étendre sur des actions secondaires.
- La scène : Le temps du récit est identique à celui de
la narration. Le procédé le plus utilisé est le dialogue. Quoi de plus
réaliste que le dialogue ? ! Zola s’amuse parfois à retranscrire
les accents de chacun pour que le dialogue puisse refléter le milieu
social des personnages. C’est aussi une excellente manière de rendre le
récit plus vivant. Imaginez un film où les acteurs ne parleraient jamais….
Et qu’une voix off commente leurs pensées et leurs paroles jamais
exprimées … On s’ennuierait…et on ne pourrait s’attacher aux personnages.
De plus, le dialogue détient une force particulière du point de vue de la
dramaturgie : nous nous approchons des personnages, nous saisissons
leurs non-dits, leurs manies, leur caractère, comme un gros plan au
cinéma. C’est d’ailleurs pour cela que les scénaristes retiennent ces
confrontations entre personnages lors de l’adaptation d’un roman : preuve
que ces dialogues constituent souvent des moments clé d’une histoire.
·
La
pause : Il s’agit pour l’auteur de suspendre le temps. Au cinéma, il
s’agirait d’effectuer un balayage avec la caméra pour montrer le décor. Dans le
roman, la description tout en
suspendant le récit ancre celui-ci dans un cadre imaginable. Même si c’est ce
que certains redoutent dans leurs lectures (« trop de descriptions »
est le défaut reproché aux auteurs par de nombreux élèves qui viennent de
finir « un Balzac » ou
« un Zola » comme on dit familièrement) la description est nécessaire
à la compréhension de l’action. Encore une fois, imaginez un film tourné sur
fond vert, sous prétexte que la description du cadre a peu d’importance…Au
revoir les effets spéciaux, les atmosphères poétiques, au revoir le rêve….
Bonjour l’angoisse.
- L'ellipse : Taire certains événements pour en mettre en valeur d’autres.
Exemple : « En le
voyant entrer Mme de Rênal se jeta vivement hors de son lit. —
Malheureux ! s’écria-t-elle. Il y eut un peu de désordre. Julien oublia
ses vains projets et revint à son rôle naturel ; ne pas plaire à une femme
si charmante lui parut le plus grand des malheurs. Il ne répondit à ses
reproches qu’en se jetant à ses pieds, en embrassant ses genoux. Comme elle lui
parlait avec une extrême dureté, il fondit en larmes.
Quelques heures après, quand Julien
sortit de la chambre de Mme de Rênal, on eût pu dire en style de roman, qu’il
n’avait plus rien à désirer. En effet, il devait à l’amour qu’il
avait inspiré, et à l’impression imprévue qu’avaient produite sur lui des
charmes séduisants, une victoire à laquelle ne l’eût pas conduit toute son
adresse si maladroite. »
On
voit à travers cette ellipse de quelques heures que le récit de la nuit avec
madame de Rênal n’est pas le plus important, c’est la victoire symbolique de
Julien sur sa peur qui l’est. Cela permet aussi à Stendhal de prendre une
certaine distance ironique, vis-à-vis de son personnage et de faire une sorte
de clin d’œil au lecteur pour lui signifier qu’il se refuse à détailler ce
qu’attendraient des lecteurs trop « romanesques ».
·
Le
ralenti : Faire durer une action, la décortiquer pour
lui donner une plus grande valeur dramatique.
Exemple : Les rencontres : Celle de
Mme de Rênal et Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal
(XIXème : mouvement : Réalisme) (chapitre 6 de la première partie), la
rencontre entre amour et fascination réciproque de Mme de Clèves et le duc de
Nemours : La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette (XVIIème :
mouvement : Classicisme)
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