lundi 19 janvier 2015

Le rythme dans le récit

Mardi 13 janvier.

 Le rythme dans le récit : 

  • Le sommaire: Quand certains événements n'ont pas un intérêt primordial pour la compréhension de l'histoire (n'oubliez pas que tout fait sens dans un récit écrit !), l'auteur choisit de les taire ou les condense en quelques lignes.
 Exemple : Dans Jacques Damour de Zola les mois qui séparent l’échappée de prison de Jacques et son retour à Paris sont résumés. Cela tient au genre particulier de la nouvelle qui cherche à être efficace. L’auteur ne peut s’étendre sur des actions secondaires. 
  • La scène : Le temps du récit est identique à celui de la narration. Le procédé le plus utilisé est le dialogue. Quoi de plus réaliste que le dialogue ? ! Zola s’amuse parfois à retranscrire les accents de chacun pour que le dialogue puisse refléter le milieu social des personnages. C’est aussi une excellente manière de rendre le récit plus vivant. Imaginez un film où les acteurs ne parleraient jamais…. Et qu’une voix off commente leurs pensées et leurs paroles jamais exprimées … On s’ennuierait…et on ne pourrait s’attacher aux personnages. De plus, le dialogue détient une force particulière du point de vue de la dramaturgie : nous nous approchons des personnages, nous saisissons leurs non-dits, leurs manies, leur caractère, comme un gros plan au cinéma. C’est d’ailleurs pour cela que les scénaristes retiennent ces confrontations entre personnages lors de l’adaptation d’un roman : preuve que ces dialogues constituent souvent des moments clé d’une histoire.
·         La pause : Il s’agit pour l’auteur de suspendre le temps. Au cinéma, il s’agirait d’effectuer un balayage avec la caméra pour montrer le décor. Dans le roman, la description tout en suspendant le récit ancre celui-ci dans un cadre imaginable. Même si c’est ce que certains redoutent dans leurs lectures (« trop de descriptions » est le défaut reproché aux auteurs par de nombreux élèves qui viennent de finir  « un Balzac » ou « un Zola » comme on dit familièrement) la description est nécessaire à la compréhension de l’action. Encore une fois, imaginez un film tourné sur fond vert, sous prétexte que la description du cadre a peu d’importance…Au revoir les effets spéciaux, les atmosphères poétiques, au revoir le rêve…. Bonjour l’angoisse.
  • L'ellipse : Taire certains événements pour en mettre en valeur d’autres.
Exemple : « En le voyant entrer Mme de Rênal se jeta vivement hors de son lit. — Malheureux ! s’écria-t-elle. Il y eut un peu de désordre. Julien oublia ses vains projets et revint à son rôle naturel ; ne pas plaire à une femme si charmante lui parut le plus grand des malheurs. Il ne répondit à ses reproches qu’en se jetant à ses pieds, en embrassant ses genoux. Comme elle lui parlait avec une extrême dureté, il fondit en larmes.
Quelques heures après, quand Julien sortit de la chambre de Mme de Rênal, on eût pu dire en style de roman, qu’il n’avait plus rien à désirer. En effet, il devait à l’amour qu’il avait inspiré, et à l’impression imprévue qu’avaient produite sur lui des charmes séduisants, une victoire à laquelle ne l’eût pas conduit toute son adresse si maladroite. » 
On voit à travers cette ellipse de quelques heures que le récit de la nuit avec madame de Rênal n’est pas le plus important, c’est la victoire symbolique de Julien sur sa peur qui l’est. Cela permet aussi à Stendhal de prendre une certaine distance ironique, vis-à-vis de son personnage et de faire une sorte de clin d’œil au lecteur pour lui signifier qu’il se refuse à détailler ce qu’attendraient des lecteurs trop « romanesques ».

·         Le ralenti : Faire durer une action, la décortiquer pour lui donner une plus grande valeur dramatique.

 Exemple : Les rencontres : Celle de Mme de Rênal et Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal (XIXème : mouvement : Réalisme) (chapitre 6 de la première partie), la rencontre entre amour et fascination réciproque de Mme de Clèves et le duc de Nemours : La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette (XVIIème : mouvement : Classicisme)

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