mardi 17 juin 2014

L'éloge de la Folie 1ières L



 L’éloge de la  Folie, Erasme

Érasme a bien connu les institutions religieuses puisqu’il entre au couvent dès son adolescence. Mais il développe très vite un véritable esprit critique envers la vie monacale. Grâce à sa curiosité intellectuelle et sa fréquentation des humanistes européens, il devient une référence et participe au grand mouvement humaniste de l’Évangélisme. L’Éloge de la Folie est sans doute son oeuvre la plus célèbre. Il y met en scène Moria (la folie, en latin) pour critiquer la société de son époque. Dans l’extrait que nous allons étudier Moria fait un portrait peu flatteur des ordres religieux.

·         Enonciation : C’est bien Moria qui parle dans ce texte. Les indices de la première personne y renvoient à Moria (« à mon sens », « grâce à moi »)
L’auteur choisit de faire parler la Folie pour que son propos soit plus convaincant.  La prosopopée est une figure de pensée qui « consiste à mettre en scène une personne qui n’est pas là, comme si elle était présente, ou à donner la parole à une chose muette ou abstraite »
En disant qu’elle apporte une aide aux hommes en leur permettant de croire à leur déraison, elle permet en même temps de faire comprendre au lecteur combien ces hommes dits « religieux » sont éloignés du message du Christ. L’idée est reprise à la fin du texte : « en attendant, grâce à moi, ils jouissent de leur espérance. »
L’autre voix présente dans ce texte est celle du Christ lui-même. Même si Erasme invente ces propos le but est évidemment de revenir au message évangélique.

·         Critique des ordres religieux : Cette critique est explicite puisque Moria les compare à des ânes. « Quand ils braient comme des ânes dans les églises. » Dans la tradition proverbiale l’âne est considéré comme un animal stupide.  Cela signifie que les moines ne savent pas chanter mais surtout qu’ils ne comprennent pas le sens de ce qu’ils chantent.
La critique se poursuit grâce à une autre comparaison : « ils beuglent aux portes » qui assimile les Religieux mendiants (c’est-à-dire des Religieux qui font vœu de pauvreté au point de devoir demander aux hommes leur moyen de subsistance) à des bovins. Ces défauts sont explicités à la fin du paragraphe : « de la saleté et de l’ignorance, de la grossièreté et de l’impudence »La comparaison continue et montre les moines agressifs : « des guêpes » qui rappelle que les moines ont le pouvoir de calomnier les gens et les critiquer dans les sermons. Enfin les moines ressemblent à des chiens : « Ils ne cesseront d’aboyer que si on leur met la pâtée dans la bouche » comparaison qui n’est pas sans rappeler le monstre Cerbère qui ne peut être amadoué que par « une boulette soporifique de miel et de fruits traités. » Les moines ne sont pas seulement stupides mais ils sont aussi méchants.
·         La critique principale des ordres religieux vient de leur caractère hypocrite. Ils sont loin du message évangélique et leur comportement absurde ressemble à celui des pharisiens que Jésus dénonçait violemment en son temps : « vous nettoyez l’extérieur de la coupe mais celle-ci est remplie d’immondices ». 
·         Moine vient du terme « monos » : seul. Or les moines décrits dans ce texte vivent dans le monde : »Personne ne circule davantage en tous lieux que ces prétendus solitaires. »
·         L’hypocrisie vient aussi de la « règle », celle qui définit les préceptes disciplinaires des membres d’une même communauté. Or cette règle perd de son sens puisqu’elle devient un moyen de se différencier des autres ordres : « se différencier entre eux. »

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