samedi 14 juin 2014

Discours de La Boétie

Discours de la servitude volontaire.
Indignation de l’auteur : L’auteur s’interroge sur cette situation inexplicable : comment des millions d’hommes qui ont la supériorité du nombre peuvent-ils accepter d’être asservis par un homme sans qualité ?
Paradoxes dans le texte :
1.       Disproportion des forces : La Boétie insiste sur cette disproportion comme pour persuader son lecteur de l’absurdité de la situation. Ce thème est abordé à travers des gradations : « tant d’hommes, tant de villes, tant de nations » Dans le 3ième § aussi : « si deux, si trois, si quatre », « si cent, si mille », « non pas cent, non pas mille, mais cent mille pays, mille villes, un million d’hommes. » Ces gradations sont appuyées par les hyperboles du premier paragraphe « des millions de millions d’hommes » et du 3ème § : « un nombre infini d’hommes »
Ce qui est frappant, c’est le contraste. En face de tous ces hommes, un seul. Les mots « un », « seul » sont repris pour désigner le tyran.
2.       Le tyran étonnement ne doit pas sa place à ses qualités personnelles. Au contraire l’auteur insiste sur ses défauts et va même jusqu’à le qualifier de « hommeau », un diminutif peu flatteur. Les épithètes au superlatif accentue cette vision négative :   « le plus lâche, le plus vil et le plus efféminé de la nation » La Boétie cherche à démystifier la personne même du tyran. Il ne veut pas généraliser mais montrer la réalité.
Description de la servitude : les termes la concernant sont nettement péjoratifs : « misérablement asservis », « joug déplorable ». Le lexique de l’asservissement est riche.
Un discours très rhétorique : La Boétie est un lecteur de Cicéron est s’en inspire. Les longues périodes (longues phrases amples) en rythme ternaire en sont la preuve. Le 3ème § en est un bon exemple.
Questions rhétoriques : « Mais ô grand Dieu ! qu’est donc cela ? »  « Quel monstrueux vice est donc celui-làque le mot de couardise ne peut rendre, pour lequel toute expression manque, que la nature désavoue et la langue refuse de nommer ? » Cette dernière question est construite sur un rythme ternaire et s’élargit dans le dernier membre, ce qui donne de l’ampleur à la phrase.

 Les parallélismes de construction : Notons ainsi, par exemple, la construction « non de … mais de » dans« non d’une armée, non d’une horde de barbares, contre lesquels chacun devrait défendre sa vie au prix de tout son sang, mais d’un seul ; non d’un Hercule ou d’un Samson, mais d’un vrai Mirmidon souvent le plus lâche, le plus vil et le plus efféminé de la nation, qui n’a jamais flairé la poudre des batailles, mais à peine foulé le sable des tournois » qui compare la réalité médiocre du tyran aux qualités d’un héros ou à la supériorité d’une armée.
Tous ces procédés oratoires ne peuvent laisser le lecteur indifférent. La Boétie se place du côté du peuple, des opprimés. Mais en désignant la faiblesse de ceux qui sont asservis par le terme de « vice » qui est très fort, il cherche à réveiller l’honneur de ceux qui se sont laissés asservir, sans rien dire. De plus il met en valeur positivement toutes les qualités que la véritable nature humaine : « Aimer la vertu, estimer les belles actions, être reconnaissant des bienfaits reçus, et souvent même réduire notre propre bien-être pour accroître l’honneur et l’avantage de ceux que nous aimons et qui méritent d’être aimés ; tout cela est très naturel ».
Un discours optimiste : La Boétie croit en la nature humaine. Il la croit capable de s’affranchir des tyrans. C’est une caractéristique des humanistes : croire en l’Homme.

Conclusion : Cet extrait du Discours de la servitude volontaire montre donc comment l’auteur a su mobiliser les ressources de la rhétorique pour faire réagir son lecteur. En se plaçant du côté du peuple et en posant le problème de la tyrannie comme une disproportion du nombre, La Boétie offre de nouvelles pistes de réflexion sur le pouvoir, toujours d’actualité. Sa critique du tyran s’accompagne d’une confiance en l’homme, caractéristique de l’humanisme.


Questions envisageables :

·         Comment l’auteur cherche-t-il à persuader son lecteur des méfaits de la tyrannie ?

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