Discours de la
servitude volontaire.
Indignation de l’auteur :
L’auteur s’interroge sur cette situation inexplicable : comment des
millions d’hommes qui ont la supériorité du nombre peuvent-ils accepter d’être
asservis par un homme sans qualité ?
Paradoxes dans le texte :
1. Disproportion
des forces : La Boétie insiste sur cette disproportion comme pour
persuader son lecteur de l’absurdité de la situation. Ce thème est abordé à
travers des gradations : « tant d’hommes, tant de villes, tant de
nations » Dans le 3ième § aussi : « si deux, si
trois, si quatre », « si cent, si mille », « non pas cent,
non pas mille, mais cent mille pays, mille villes, un million d’hommes. »
Ces gradations sont appuyées par les hyperboles du premier paragraphe
« des millions de millions d’hommes » et du 3ème § :
« un nombre infini d’hommes »
Ce qui est frappant, c’est le
contraste. En face de tous ces hommes, un seul. Les mots « un »,
« seul » sont repris pour désigner le tyran.
2. Le
tyran étonnement ne doit pas sa place à ses qualités personnelles. Au contraire
l’auteur insiste sur ses défauts et va même jusqu’à le qualifier de
« hommeau », un diminutif peu flatteur. Les épithètes au superlatif
accentue cette vision négative :
« le plus lâche, le plus vil et le plus efféminé de la
nation » La Boétie cherche à démystifier la personne même du tyran. Il ne
veut pas généraliser mais montrer la réalité.
Description de
la servitude : les termes la concernant sont nettement
péjoratifs : « misérablement asservis », « joug
déplorable ». Le lexique de l’asservissement est riche.
Un discours
très rhétorique : La Boétie est un lecteur de Cicéron est s’en inspire.
Les longues périodes (longues phrases amples) en rythme ternaire en sont la
preuve. Le 3ème § en est un bon exemple.
Questions
rhétoriques : « Mais ô grand Dieu ! qu’est donc
cela ? » « Quel
monstrueux vice est donc
celui-làque le mot de couardise ne peut rendre, pour lequel toute expression
manque, que la nature désavoue et la langue refuse de nommer ? » Cette dernière
question est construite sur un rythme ternaire et s’élargit dans le dernier
membre, ce qui donne de l’ampleur à la phrase.
Les parallélismes de construction :
Notons ainsi, par exemple, la construction « non de … mais de » dans« non d’une armée, non d’une horde de barbares, contre
lesquels chacun devrait défendre sa vie au
prix de tout son sang, mais
d’un seul ; non d’un Hercule ou d’un Samson, mais d’un vrai Mirmidon souvent le plus
lâche, le plus vil et le plus efféminé de la nation, qui n’a jamais flairé la poudre
des batailles, mais à peine foulé le sable des tournois » qui compare la
réalité médiocre du tyran aux qualités d’un héros ou à la supériorité d’une
armée.
Tous ces procédés oratoires ne
peuvent laisser le lecteur indifférent. La Boétie se place du côté du peuple,
des opprimés. Mais en désignant la faiblesse de ceux qui sont asservis par le
terme de « vice » qui est très fort, il cherche à réveiller l’honneur
de ceux qui se sont laissés asservir, sans rien dire. De plus il met en valeur
positivement toutes les qualités que la véritable nature humaine : « Aimer la vertu, estimer les belles actions, être reconnaissant
des bienfaits reçus, et souvent même réduire notre propre bien-être pour
accroître l’honneur et l’avantage de ceux que nous aimons et qui méritent
d’être aimés ; tout cela est très naturel ».
Un discours optimiste : La
Boétie croit en la nature humaine. Il la croit capable de s’affranchir des
tyrans. C’est une caractéristique des humanistes : croire en l’Homme.
Conclusion : Cet extrait
du Discours de
la servitude volontaire montre
donc comment l’auteur a su mobiliser les ressources de la rhétorique pour faire
réagir son lecteur. En se plaçant du côté du peuple et en posant le problème de
la tyrannie comme une disproportion du nombre, La Boétie offre de nouvelles
pistes de réflexion sur le pouvoir, toujours d’actualité. Sa critique du tyran
s’accompagne d’une confiance en l’homme, caractéristique de l’humanisme.
Questions envisageables :
·
Comment l’auteur cherche-t-il à persuader son
lecteur des méfaits de la tyrannie ?
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