Déjà la nuit en son parc… de
Joachim Du Bellay
Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes,
Et, pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l'aube encor de ses tresses tant blondes
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait :
Quand d'occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
O fleuve mien ! une nymphe en riant.
Alors, voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d'un double teint colore
Et l'Angevin et l'indique orient.
Du Bellay - L'Olive, 1550
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes,
Et, pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l'aube encor de ses tresses tant blondes
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait :
Quand d'occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
O fleuve mien ! une nymphe en riant.
Alors, voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d'un double teint colore
Et l'Angevin et l'indique orient.
Du Bellay - L'Olive, 1550
Introduction : Joachim Du Bellay fait partie du groupe de 7 poètes (dont
Pierre de Ronsard) qui constitue le mouvement littéraire de la Pléiade. Ce
mouvement littéraire contribue en 1549 à l’épanouissement de la langue
française par La Défense et illustration de la langue française en prônant les modèles antiques (grec, latin).
Les poètes s'inspirent du quattrocento
italien et du poète Pétrarque. On
retrouve ces aspects dans L'Olive,
œuvre écrite la même année et qui constitue le premier recueil de poèmes
amoureux adoptant la forme du sonnet. Inspiré de modèles italiens Du Bellay utilise
dans ce poème le thème de la Belle matineuse (la femme aimée qui dépasse en
luminosité et en beauté le soleil qui vient de se lever).
Un sonnet : Les deux premiers quatrains forment une unité tout en étant opposés. Les deux quatrains commencent de la même manière (anaphore de « Déjà ») et sont tous deux à l’imparfait. Les verbes ont d’ailleurs la même place dans chaque strophe : « amassait » et « rougissait » vers 1 et 5, « enrichissait » et « chassait » aux vers 4 et 8.
Un sonnet : Les deux premiers quatrains forment une unité tout en étant opposés. Les deux quatrains commencent de la même manière (anaphore de « Déjà ») et sont tous deux à l’imparfait. Les verbes ont d’ailleurs la même place dans chaque strophe : « amassait » et « rougissait » vers 1 et 5, « enrichissait » et « chassait » aux vers 4 et 8.
Mais ils sont opposés parce que le
premier quatrain présente la nuit et le second le jour. Le premier quatrain
présente un mouvement de fuite et le second le mouvement inverse. Il existe une
progression dans le poème. Les deux quatrains préparent l’arrivée d’une
nouvelle lumière qui constitue la « pointe » du sonnet au dernier
tercet.
Rupture entre les
deux quatrains et le premier tercet :
Le connecteur « quand » marque
cette rupture et est suivi d’un passé simple : « je vis ».
Poème lyrique et humaniste : dans la seconde
partie, le poète exprime ses sentiments dans une exclamative qui semble
irrépressible : « ô fleuve mien ! ». Du Bellay évoque ainsi
son Anjou natal ainsi que la Loire auxquels il est très attaché. Dans ce poème,
cohabitent un thème mythologique et connu : le topos de la belle matineuse
et un thème cher au poète : son
pays natal : « l’Angevin » « ô fleuve mien ! »
C’est ce qui fait l’originalité du poème et le rend plus touchant et ne se
réduit pas ainsi à un exercice de style aussi brillant soit-il.
Topos : une topos est un sujet littéraire qui
revient souvent jusqu’à constituer un thème récurrent et attendu dans la
littérature.
Le poète apparaît comme témoin de
cette apparition de la « Nymphe » (vers 11). Il semble placé au bord
de la Loire et surpris par cette apparition, à moins qu'il ne l'ait attendue.
Poète situe la nymphe dans son univers personnel qu'il évoque avec émotion dans l'apostrophe du 1er hémistiche : « O fleuve mien ! » Il prend le fleuve à témoin.
« L'Angevin » région du poète : l'Anjou, Angers... La Loire.
Poète situe la nymphe dans son univers personnel qu'il évoque avec émotion dans l'apostrophe du 1er hémistiche : « O fleuve mien ! » Il prend le fleuve à témoin.
« L'Angevin » région du poète : l'Anjou, Angers... La Loire.
Personnification des éléments naturels :
Nuit: sujet de 4 verbes
d'action : « amassait », « entrer », « fuyant », « chassait » personnification de la nuit.
Comparée d'abord à une bergère où les étoiles sont son troupeau. Les chevaux noirs peuvent évoquer les chars mythologiques : elle s'en sert pour rassembler les étoiles : allusion directe au char d’Apollon.
Comparée d'abord à une bergère où les étoiles sont son troupeau. Les chevaux noirs peuvent évoquer les chars mythologiques : elle s'en sert pour rassembler les étoiles : allusion directe au char d’Apollon.
- Sonorités : Allitération des sifflantes [f]x2, [s]x4 et [ch]x2.
Paronomase vers 4 avec « chevaux chassait » : harmonie
imitative, sonorités qui semblent faire entendre le souffle des chevaux en
cavale. Allitération en [r]x8 qui évoque peut-être le râle des chevaux.
paronomase : consiste à rapprocher des mots comportant des sonorités semblables qui ont des sens différents.
paronomase : consiste à rapprocher des mots comportant des sonorités semblables qui ont des sens différents.
Personnification du jour :
« l'aube » : « des tresses tant blondes » / verbe « enrichissait »; « faisant grêler » verbes d'action qui font de l'aube une personne. L'Aube semble dotée d'un pouvoir surnaturel de métamorphose.
Contraste entre le côté solennel de la nuit et la simplicité du jour : les« perlettes » évoquent de petites perles sans prétention. Le caractère généreux du jour est mis en valeur : l’aube distribue ses trésors : la rosée du matin. Le comparant peut suggérer la lumière dorée de la rosée.
« l'aube » : « des tresses tant blondes » / verbe « enrichissait »; « faisant grêler » verbes d'action qui font de l'aube une personne. L'Aube semble dotée d'un pouvoir surnaturel de métamorphose.
Contraste entre le côté solennel de la nuit et la simplicité du jour : les« perlettes » évoquent de petites perles sans prétention. Le caractère généreux du jour est mis en valeur : l’aube distribue ses trésors : la rosée du matin. Le comparant peut suggérer la lumière dorée de la rosée.
Du Bellay dresse dans chaque strophe un
tableau aux couleurs évocatrices : les « cavernes profondes »
désignent l’obscurité, relayées d’ailleurs par l’adjectif « noirs »,
dans le deuxième quatrain la couleur dorée domine, par des adjectifs
explicites : « blondes », et par des expressions
plus implicites : « de ses trésors les prés enrichissait »,
«mille perlettes rondes », le premier tercet est dominé par la
couleur verte et le second tercet par le rouge.
L’apparition de la nymphe :
L’apparition de la nymphe :
Les deux premiers tableaux
s'éclipsent au profit d'un nouveau tableau plus frappant. Apparition de la
première personne : « Je » + verbe de perception + apostrophe
lyrique « Ô fleuve mien » avec « Ô » antéposé et accentué
-> valeur affective très forte, mise en relief -> lyrisme.
→ « comme une étoile vive ». Insiste sur l'idée de lumière : « étoile », adj « vive » donne un caractère fulgurant. Utilisation d'une assonance en « i » + allitération en « v »
Le fleuve aussi un être vivant et la nymphe tranche sur ces êtres : la nuit, l'aube; par sa plus grande lumière, sa plus grande vivacité, plus naturelle.
→ « comme une étoile vive ». Insiste sur l'idée de lumière : « étoile », adj « vive » donne un caractère fulgurant. Utilisation d'une assonance en « i » + allitération en « v »
Le fleuve aussi un être vivant et la nymphe tranche sur ces êtres : la nuit, l'aube; par sa plus grande lumière, sa plus grande vivacité, plus naturelle.
Nymphe : divinité
féminine des eaux et des bois dans la Grèce antique.
La femme aimée apparaît par une métaphore : elle est élevée au rang d’une divinité « cette nouvelle Aurore » : nymphe → montre que le jour a poursuivi son évolution (aube → aurore) : terme prépare la rivalité entre les 2 éléments → nymphe devient une nouvelle aurore qui entre en rivalité avec l'aurore réelle.
La plus grande beauté de la nymphe explique la réaction humaine du jour qui devient honteux → ciel coloré.
La femme aimée apparaît par une métaphore : elle est élevée au rang d’une divinité « cette nouvelle Aurore » : nymphe → montre que le jour a poursuivi son évolution (aube → aurore) : terme prépare la rivalité entre les 2 éléments → nymphe devient une nouvelle aurore qui entre en rivalité avec l'aurore réelle.
La plus grande beauté de la nymphe explique la réaction humaine du jour qui devient honteux → ciel coloré.
Personnifications succèdent aux
personnifications, images succèdent aux images pour animer la nature comme dans
la mythologie pour mettre en valeur la femme aimée qui devient la plus belle
des divinités.
Si Du Bellay utilise la mythologie pour faire l'éloge de la femme aimée (en poète humaniste), il donne en même temps à son sonnet une dimension plus familière et plus personnelle en variant les tonalités. - L'image de la Nymphe est différée (le mot « Nymphe » n'apparaît qu'au vers 11 alors qu'elle est annoncée depuis deux vers) : effet de suspension dramatique, d'attente -> procédé de dramatisation -> il y a bien mise en scène de l'apparition de la femme aimée.
- Métaphore : la femme aimée est d'abord désignée par « étoile vive » vers 9 : cette comparaison fait écho au vers 2 : les étoiles illuminent la nuit comme la femme aimée illumine la vie du poète. « troupeau d'étoiles vagabondes » / « une étoile vive » -> elle apparaît singulière, sa beauté/ lumière est égale à celle d'une multitude d'étoiles, comme si elle rassemblait l'éclat de toutes les étoiles. Autre métaphore, celle de la « Nymphe » (vers 11) qui sort du fleuve -> sorte de nouvelle Aphrodite (d'ailleurs les nymphes sont les compagnes d'Aphrodite-> cette femme représente l'amour, la beauté.
- Allitérations en [v] et [i] + « étoile vive » (vers 9) et « en riant » (vers 11) = vitalité, elle s'impose comme une radieuse évidence, sur fond de paysage fluvial, le fleuve aimé du poète. C'est une Aphrodite angevine (il adapte/transpose la mythologie antique).
- Couleurs du paysage : vert de l'eau et de l'herbe de la rive, l'éclat de l'étoile vive.
Si Du Bellay utilise la mythologie pour faire l'éloge de la femme aimée (en poète humaniste), il donne en même temps à son sonnet une dimension plus familière et plus personnelle en variant les tonalités. - L'image de la Nymphe est différée (le mot « Nymphe » n'apparaît qu'au vers 11 alors qu'elle est annoncée depuis deux vers) : effet de suspension dramatique, d'attente -> procédé de dramatisation -> il y a bien mise en scène de l'apparition de la femme aimée.
- Métaphore : la femme aimée est d'abord désignée par « étoile vive » vers 9 : cette comparaison fait écho au vers 2 : les étoiles illuminent la nuit comme la femme aimée illumine la vie du poète. « troupeau d'étoiles vagabondes » / « une étoile vive » -> elle apparaît singulière, sa beauté/ lumière est égale à celle d'une multitude d'étoiles, comme si elle rassemblait l'éclat de toutes les étoiles. Autre métaphore, celle de la « Nymphe » (vers 11) qui sort du fleuve -> sorte de nouvelle Aphrodite (d'ailleurs les nymphes sont les compagnes d'Aphrodite-> cette femme représente l'amour, la beauté.
- Allitérations en [v] et [i] + « étoile vive » (vers 9) et « en riant » (vers 11) = vitalité, elle s'impose comme une radieuse évidence, sur fond de paysage fluvial, le fleuve aimé du poète. C'est une Aphrodite angevine (il adapte/transpose la mythologie antique).
- Couleurs du paysage : vert de l'eau et de l'herbe de la rive, l'éclat de l'étoile vive.
Rythme du poème :
- Rythme des vers : décasyllabes. Deux groupes rythmiques 4/6, rythme croissant ou amplification rythmique -> harmonie rythmique (rythme régulier 4/6 et même schéma rythmique), le rythme est mélodieux. Ce tableau est un tableau quotidien, récurrent, ritualisé, on assiste à un rituel qui est peut-être de l'ordre du mythe (régularité + imparfait à valeur répétitive). 4/6 -> amplification rythmique + enjambement -> insuffle un dynamisme, la fuite de la nuit qui essaie de rassembler au plus vite ses troupeaux avant l'arrivée du jour ; comme si le rythme était mimétique et mimait la cavale des chevaux.
- Rimes embrassées.
-> Tableau en mouvement, dont le dynamisme vient du rythme croissant 4/6, de l'enjambement du vers 1 au vers 2, des verbes d'actions et de mouvements. Tableau harmonieux avec la répétition du même schéma rythmique, des échos sonores par le biais des rimes, allitérations et assonances (en [a] et [oua]). + contraste entre blanc et noir.
La pointe du
poème : dernier tercet : Beauté du jour supplanté par la beauté de la
nymphe/ femme aimée du poète
- Nouvelle rupture avec le premier tercet : « Alors » de valeur chronologique et logique + présent de narration (effet d'actualisation) et présent progressif (« colore » vers 13 et « voyant » vers 12). Le troisième tableau se modifie, se magnifie en un quatrième tableau encore plus marquant.
- La Nymphe est désormais comparée par le biais d'une métaphore à une « nouvelle Aurore » (vers 12), comme si sa beauté éblouissante (vers 9) surpassait celle de « l'Aube » déjà présente. L'arrivée de la Nymphe annonce la victoire de l'Occident sur l'Orient, la victoire de la Nymphe/Nouvelle Aurore sur l'Aube, avec la double transfiguration du ciel et du poète.
- Sonorités : allitérations en [v]x3, [r]x6, et en dentales [t, d]x3 -> consonnes assez vigoureuses -> choc de l'apparition. Répétitions de [v] et de [i] -> vie, vitalité, vivacité de la Nymphe. Assonances en [o], [ô] et [ou] -> étonnement, ébahissement.
- Vers 13-14 : au lieu du traditionnel Occident / Orient on a Angevin / Orient, comme si cette petite région représentait tout l'Occident car la femme aimée s'y trouve. Mais nous verrons aussi que ce terme « l'Angevin » peut définir le poète.
- Couleurs du paysage : le rouge du ciel qui s'empourpre (enjambement du vers 13 à 14 : amplification rythmique qui met en valeur la pointe tout en traduisant la double contamination de l'Orient et de l'Occident, qui deviennent rouges) de honte et de jalousie l'emporte sur l'atmosphère bucolique du tercet précédent. A moins que ce ne soit le poète qui rougisse, et sa rougeur fait écho à celle du ciel.
- On abandonne la première personne du premier tercet pour la troisième personne : le poète se désigne lui-même par « l'Angevin » (vers 14) -> mise à distance, recul, comme s'il se regardait rougir de loin avec un brin d'humour et d'ambiguïté -> rougissement de gêne/ pudeur, de plaisir ou peut-être même de désir.
Conclusion
Dans ce poème chaque strophe constitue une unité de sens : un personnage principal, un paysage, une couleur dominante, et une action. Les trois premières strophes préparent la pointe (« tout le sonnet est tendu vers sa chute » de Théodore de Banville dans son Traité sur le sonnet) : victoire de la belle sur le jour. Le poète a choisi de faire place à sa culture personnelle. Il choisit d'évoquer l'antiquité pour s'inscrire avec les poètes de la Pléiade dans ce retour de l'antiquité qui marque l'humanisme.
- Nouvelle rupture avec le premier tercet : « Alors » de valeur chronologique et logique + présent de narration (effet d'actualisation) et présent progressif (« colore » vers 13 et « voyant » vers 12). Le troisième tableau se modifie, se magnifie en un quatrième tableau encore plus marquant.
- La Nymphe est désormais comparée par le biais d'une métaphore à une « nouvelle Aurore » (vers 12), comme si sa beauté éblouissante (vers 9) surpassait celle de « l'Aube » déjà présente. L'arrivée de la Nymphe annonce la victoire de l'Occident sur l'Orient, la victoire de la Nymphe/Nouvelle Aurore sur l'Aube, avec la double transfiguration du ciel et du poète.
- Sonorités : allitérations en [v]x3, [r]x6, et en dentales [t, d]x3 -> consonnes assez vigoureuses -> choc de l'apparition. Répétitions de [v] et de [i] -> vie, vitalité, vivacité de la Nymphe. Assonances en [o], [ô] et [ou] -> étonnement, ébahissement.
- Vers 13-14 : au lieu du traditionnel Occident / Orient on a Angevin / Orient, comme si cette petite région représentait tout l'Occident car la femme aimée s'y trouve. Mais nous verrons aussi que ce terme « l'Angevin » peut définir le poète.
- Couleurs du paysage : le rouge du ciel qui s'empourpre (enjambement du vers 13 à 14 : amplification rythmique qui met en valeur la pointe tout en traduisant la double contamination de l'Orient et de l'Occident, qui deviennent rouges) de honte et de jalousie l'emporte sur l'atmosphère bucolique du tercet précédent. A moins que ce ne soit le poète qui rougisse, et sa rougeur fait écho à celle du ciel.
- On abandonne la première personne du premier tercet pour la troisième personne : le poète se désigne lui-même par « l'Angevin » (vers 14) -> mise à distance, recul, comme s'il se regardait rougir de loin avec un brin d'humour et d'ambiguïté -> rougissement de gêne/ pudeur, de plaisir ou peut-être même de désir.
Conclusion
Dans ce poème chaque strophe constitue une unité de sens : un personnage principal, un paysage, une couleur dominante, et une action. Les trois premières strophes préparent la pointe (« tout le sonnet est tendu vers sa chute » de Théodore de Banville dans son Traité sur le sonnet) : victoire de la belle sur le jour. Le poète a choisi de faire place à sa culture personnelle. Il choisit d'évoquer l'antiquité pour s'inscrire avec les poètes de la Pléiade dans ce retour de l'antiquité qui marque l'humanisme.
Un exemple de topos : celui de la
Belle Matineuse : Un thème précieux au XVIe et au XVIIe siècles.
Exemple :
Des portes du matin l'Amante de Céphale
Ses roses épandait dans le milieu des airs
Et jetait sur les Cieux nouvellement ouverts
Ses traits d'or et d'azur qu'en naissant elle étale
Quand la Nymphe divine à mon repos fatale ,
Apparut, et brilla de tant d'attraits divers
Qu'il semblait qu'elle seule éclairait l'univers
Et remplissait de feux la rive orientale.
Le Soleil se hâtant pour la gloire des Cieux,
Vint opposer sa flamme à l'éclat de ses yeux
Et prit tous les rayons dont l'Olympe se dore.
L'onde , la terre, et l'air s'allumaient à l'entour.
Mais auprès de Philis on le prit pour l'Aurore
Et l'on crut que Philis était l'astre du jour.
Vincent Voiture, (1597-1648), 1635.
Questions
envisageables :
Comment la forme du sonnet est-elle ici au service de la mise en scène de
la femme aimée ?
En quoi ce poème est-il lyrique ?
En quoi ce poème évoque-t-il
un topos de manière originale ?
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