Fiche récapitulative de Souvenir d’Alfred de
Musset dans Poésies nouvelles, 1850
Introduction : La publication des Méditations de Lamartine en 1820 marque le début de la révolution
romantique. Les poètes placent alors l’expression du Moi au cœur de leur œuvre
et ainsi donnent un nouvel élan au lyrisme amoureux. Alfred de Musset s’inscrit
pleinement dans ce nouveau mouvement littéraire en particulier dans son recueil Poésies nouvelles publié en 1850. Dans
le poème « Souvenir » le poète revient dans la forêt de Fontainebleau
qui fut le témoin de ses amours avec George Sand.
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Nous n’avons
ici qu’un extrait du poème qui compte 45 quatrains dans sa totalité.
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Structure de
l’extrait : 4 quatrains, composés chacun de 3 alexandrins et 1
hexasyllabe.
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Le lecteur
suit le poète dans sa promenade ponctuée de différents éléments :
« ces coteaux », « ces sentiers », « ces
sapins », « ces buissons ». Les démonstratifs montrent bien que
le paysage est déjà connu du poète. Il ne les découvre pas, il les redécouvre.
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Une promenade : De plus l’anaphore au
début des 3 premiers quatrains « Les voilà » illustre bien cette
promenade et fait progresser le lecteur au cœur de la forêt en passant par
différents paysages. Le terme « pas » revient d’ailleurs à deux
reprises : « pas argentins » v. 2 et « mes pas »
v.10.
Le rythme du poème dans ces 3 premières strophes
est équilibré, la césure principale est à l’hémistiche (au milieu du vers)
comme pour mimer le mouvement des pas. Même l’alternance des rimes (rimes
croisées) accentue ce mouvement.
Cette anaphore met en valeur certains éléments de
la nature et provoque à chaque fois le souvenir du poète. « Ces coteaux »,
« ces sapins » réveillent chez le poète les souvenirs. Cette
évocation semble presque joyeuse, dans un premier mouvement de reconnaissance,
comme s’il retrouvait des amis éloignés dans depuis longtemps. Mais dans la
première strophe l’hexasyllabe rompt ce mouvement joyeux en utilisant
l’imparfait qui évoque alors un amour perdu : v.4 « Où son bras
m’enlaçait » La troisième strophe fait apparaître une tristesse jusqu’ici
sous-jacente : «où passa ma maîtresse » v.11 en utilisant le passé
simple qui traduit une action révolue.
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Ainsi, dans
une lecture plus attentive la nature parce qu’elle a été témoin d’un amour perdu, semble « prendre la couleur » de
cet amour. Aussi, lorsque le poète regarde « ces sentiers » v.2 ils
ne sont plus de simples sentiers, ils deviennent des sentiers
« amoureux ».
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Personnification de la nature : v.2 : « sable muet », v.3
« ces sentiers amoureux, remplis de causeries », v.6 :
« cette gorge profonde aux nonchalants
détours », v.7 : « Ces sauvages amis dont l’antique murmure a bercé mes beaux jours. »,
les phrases injonctives que le poète adresse à la nature dans le dernier
quatrain.
Toute la nature participe à l’évocation de cet
amour, malgré elle. C’est le poète qui transpose autour de lui ses sentiments,
ses réflexions. Ainsi, les strophes sont emplies de nostalgie douce.
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Un poème lyrique voire élégiaque : Les 3 premiers quatrains semblaient doux
et presque joyeux, emprunts de nostalgie certes mais sans tristesse poignante.
La dernière strophe en revanche fait éclater l’émotion du poète. Le dernier
quatrain commence par cette exclamation « Ah ! » qui rompt avec
le reste. L’émotion couvait et s’exprime enfin. La tristesse du poète est
explicite : « un cœur encor blessé ! »
On peut parler de registre élégiaque parce que le
poète se complet dans la tristesse et dans l’évocation douloureuse des
souvenirs. Il implore la nature de le laisser pleurer par des phrases
injonctives : « laissez les couler !, Ne les essuyez pas ! »
La
solitude du poète : Le fait
que Musset s’adresse dans le dernier quatrain à la nature montre bien sa
solitude. Il ne peut s’adresser à sa bien-aimée puisque son amour est perdu.
Conclusion : Dans ce poème élégiaque, Musset s’inscrit
parfaitement dans le mouvement romantique en faisant de la nature le témoin de
ses sentiments. La nature se fait l’écho de l’émotion du poète, thème
éminemment romantique. D’autres poètes du XIXème reprennent également cette
thématique comme Hugo et Lamartine.
Questions
envisageables :
En quoi ce poème peut être considéré comme
romantique ?
En quoi les sonorités et le rythme de ce
poème permettent-ils l’évocation d’un
amour perdu ?
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