mardi 24 février 2015

Fiche récapitulative :Robert Desnos Non, l'amour n'est pas mort.

« Non, l’amour n’est pas mort » dans Corps et Biens, Robert Desnos, 1930


Introduction
Le Surréalisme est un mouvement de révolte et d’émancipation du langage et de l’art. Autodidacte et poète inspiré, Robert Desnos a été longtemps considéré par les surréalistes comme un « prophète ». Mais il s’éloigne du mouvement en revenant vers un lyrisme plus proche du Romantisme. « Non, l’amour n’est pas mort »  réaffirme la toute-puissance de l'amour, et se construit comme une réponse à ceux qui pourraient dire que l'amour est mort, thème surréaliste par excellence. Il s’inscrit dans la tradition du lyrisme amoureux, mais s'en démarque par sa forme et le traitement des lieux communs poétiques.

Un poème lyrique
- Énonciation lyrique : 1ère et 2ème pers + mise en scène du poète lui-même (« Moi qui suis Robert Desnos »)
- Le destinataire du discours poétique est double (lecteur « Écoutez » puis femme aimée « dis-toi »)
- Thème lyrique : amour malheureux
- Lyrisme aussi par la musicalité du poème + caractère d’oralité (répétitions, anaphores, allitérations, assonances, vocabulaire et syntaxe simples / proches de l'oral) => il s’agit plus d’un « poème parlé » que d’un texte écrit.

 Un hymne à l’amour
- Célébration de la toute-puissance de l’amour, qui vaut la peine d’être vécu même s'il est malheureux (souffrances, infidélités « des bouches se collent à cette bouche »).
- Début du poème : discours général sur l’amour (article à valeur générique « j’aime l’amour ») puis discours sur l’amour que vit le poète (déterminants possessifs et démonstratifs)
- L’amour : source de bonheur et de souffrances (« tendresse »/ « cruauté ») ; engage tout l’être ; unique ; éternel ; beau et pur => une vision finalement assez traditionnelle.

 Un éloge de la femme aimée
Célébration de la femme aimée : « Mon amour n'a qu'un nom, qu'une forme » (v6) et «Ô toi, forme et nom     de mon amour » (v8), la phrase négative restrictive reprise au vers 8 montre bien que c'est cette femme qui incarne l'amour pour le poète.
La femme aimée apparaît à travers des éléments du corps : « cette bouche » (v5), « Ta voix et ton accent, ton regard et ses rayons » Ces éléments sont utilisés traditionnellement dans la poésie comme « les cheveux » (v20) et marquent une certaine sensualité comme dans le vers suivant : « l'odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d'autres choses encore vivront en moi »
- Le poète idéalise la femme aimée (v. 17 : adjectifs et expressions mélioratifs  belle », « désirable », « parmi les merveilles » et métaphore solaire du v.19 « ton regard et ses rayons »)
- Mise en scène de la bien-aimée (v9 à13) dans des cadres multiples (naturel ou urbain, nocturne ou diurne) => sorte de promenade sentimentale fantasmée traduisant le caractère obsessionnel du poème + lieux peu décrits mais agréables et harmonieux = reflets de la beauté de la femme aimée.

Un poème qui s’inscrit dans une longue tradition
- Longue tradition : lyrisme amoureux, célébration amour, idéalisation femme aimée.
- Références explicites à Ronsard et Baudelaire.
- Reprise de lieux communs poétiques : topos de la belle indifférente ; topos de la fuite du temps ; topos de la promenade sentimentale.

 Le renversement des lieux communs poétiques
Pour se démarquer, le poète renverse les lieux communs poétiques :
- La « belle indifférente » reste belle même dans « la vieillesse et dans la mort »
- « La promenade sentimentale » est subvertie car elle ne s'est jamais réalisée dans le réel.
- Robert Desnos affirme la supériorité de la vie sur l'art (la gloire du poète ne vient pas de son art, mais de l'amour fou qu'il a vécu) contrairement à ses prédécesseurs comme

 La modernité d’un poème surréaliste
Thèmes surréalistes : amour fou + supériorité de la vie sur l'art.
Forme « libre » : vers libres + versets  + vers réguliers.
Ponctuation très discrète : « coulée » de l'écriture automatique.
Caractère d'oralité marqué : poème « parlé » ou « proféré » plus qu'écrit.

Conclusion
Poème entre tradition et modernité, renouvelle le lyrisme amoureux et réaffirme la toute-puissance de l’amour.

Question envisageable :
En quoi la célébration de l’amour et de la femme aimée renouvelle-t-elle la tradition lyrique ?




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